L'ONG apporte depuis l'été dernier des soins aux migrants dans les centres de rétention à Tripoli mais "nous cherchons aussi à les aider en amont", explique Jean Guy Vataux, chef de mission en Libye pour Médecins sans frontières, de passage à Paris pour quelques jours.
Le chef du Haut-commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), Filippo Grandi, a récemment qualifié d'"épouvantables" les conditions de vie dans ces centres.
Là, paradoxalement, les migrants "sont visibles" et "il est assez facile d'y avoir accès", ajoute M. Vataux, dont la mission a créé en février un centre médical à Misrata. "Notamment parce que les autorités peuvent avoir un intérêt à faire passer un message comme quoi s'il y a des horreurs, c'est par manque de moyens".
Dehors en revanche, il est très difficile de leur venir en aide car "ils sont dans un système clandestin" de traite des êtres humains, les migrants faisant appel à des réseaux dans le sud du pays.
"Les témoins parlent de situations plus difficiles que dans les centres de détention", explique M. Vataux, notamment "d'énormes hangars avec plus de gens, moins de nourriture et moins d'eau". "Mais on ne sait pas où ils sont, on ne sait pas ce qui s'y passe", ajoute-t-il.
MSF essaie donc d'accéder à ces populations mais "concrètement on n'y est pas encore arrivés". "Il s'agit de créer un espace politique avec les autorités locales pour qu'elles nous laissent accéder aux zones de migrants", ajoute-t-il, conscient des "lignes rouges" éthiques à ne pas franchir: "quelle est la limite entre assister la population et le régime qui les opprime?".
Le chef de l'opération navale européenne anti-passeurs Sophia avait estimé début juin que le trafic de migrants en Libye devrait être reconnu "comme un crime contre l'humanité".
Quelque 97% des migrants arrivés cette année sur les côtes italiennes étaient partis de Libye, où les réseaux de passeurs profitent du chaos qui règne depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011.
Avec AFP