Donald Trump a beau avoir quasiment remporté l'investiture républicaine après une campagne haute en couleurs et le retrait de ses deux derniers rivaux, Ted Cruz et John Kasich, sa victoire est loin d'être un sacre.
Une partie des républicains - certains modérés, d'autres conservateurs - refusent absolument de se ranger derrière lui, ce qui pourrait se révéler problématique s'ils boudaient les urnes en novembre.
Certains ex-détracteurs républicains ont déjà mangé leur chapeau, comme l'ancien gouverneur de Louisiane, Bobby Jindal, qui traitait Donald Trump de narcissique égocentrique l'année dernière.
La sénatrice républicaine modérée Susan Collins a déclaré qu'elle soutiendrait l'homme d'affaires, mais a enjoint au candidat de "réparer les pots cassés" et de mettre fin à son habitude de lancer des insultes gratuites.
Les deux derniers présidents républicains, George W. Bush et son père George H. W. Bush, figures de l'appareil républicain par excellence, ont indiqué, via leur porte-parole, qu'ils resteraient en marge de la campagne présidentielle.
George W. Bush "ne prévoit pas de participer ou de faire de commentaires sur la campagne présidentielle", a déclaré son porte-parole Freddy Ford au Texas Tribune.
Mais d'autres républicains n'entendent pas être passifs et promettent de résister jusqu'au bout à Donald Trump, quitte à voter pour Hillary Clinton.
- 'Je suis avec elle' -
"Le parti républicain va investir un type qui lit le National Enquirer et croit que c'est de son niveau", a par exemple écrit Mark Salter, ancien conseiller du sénateur John McCain, dans un tweet très repris (le National Enquirer est un grand tabloïde américain). "Je suis avec elle", a-t-il ajouté, en reprenant l'expression fétiche des pro-Clinton.
Depuis mardi, des républicains envahissent ainsi Twitter pour jurer de ne jamais voter pour Donald Trump, certains brûlant leur carte électorale, comme Lachlan Markay, un journaliste conservateur.
"Je me suis officiellement désinscrit en tant que républicain", a annoncé Philip Klein, rédacteur en chef de la revue conservatrice Washington Examiner.
Erick Erickson, un auteur conservateur très influent, a éreinté Donald Trump mercredi pour "avoir soutenu des nationalistes blancs et des colporteurs de racisme", ainsi que pour avoir selon lui maltraité ses employés et s'être vanté de son passé de coureur de jupons.
Mais il s'en est aussi pris au parti pour n'être pas parvenu à "placer une limite" contre les déclarations d'intolérance du candidat. "Pourquoi le parti républicain n'a-t-il pas dit que c'était inacceptable?" a-t-il écrit sur le site The Resurgent, déclarant qu'il n'aiderait pas les électeurs à "commettre un suicide national".
- Dilemme -
Le parti républicain se retrouve ainsi face au dilemme de devoir soutenir son porte-flambeau à la présidentielle, tout en apaisant le mouvement du "tout sauf Trump".
"Beaucoup de gens sont à cran", a reconnu le porte-parole du parti, Sean Spicer, sur la chaîne MSNBC.
La publication The Hill a recensé une centaine de personnalités républicaines s'étant publiquement engagées à ne pas voter pour Donald Trump, dont les sénateurs Lindsey Graham et Ben Sasse, ou le représentant Justin Amash et Mitt Romney, candidat à la présidentielle de 2012 battu par Barack Obama.
Ben Sasse s'est dit ouvert mercredi à la possibilité d'un candidat tiers, qui représenterait les valeurs conservatrices en novembre.
Le mouvement "NeverTrump" ("Jamais Trump") a annoncé qu'il continuerait à se mobiliser, notamment pour aider les candidats républicains au Congrès qui souhaiteraient se distinguer du milliardaire dans l'esprit des électeurs.
Si Donald Trump adoucissait réellement son ton pour devenir, comme il le dit, "plus présidentiel", il est probable qu'une partie des républicains sceptiques reviendraient au bercail dans les prochains six mois. Mais certains assurent être perdus pour de bon.
"Je voterai sans doute pour Gary Johnson", le candidat du parti libertaire, a expliqué le consultant conservateur Brad Marston. "Je ne trouve plus ma place dans le parti républicain actuel".
Avec AFP