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Dix ans de prison pour des militaires camerounais qui avaient abattu deux femmes et leurs enfants


Les militaires Cameroun sur un pont, en direction de Wum, en zone anglophone, le 6 décembre 2018. (VOA/Ministère de la défense)
Les militaires Cameroun sur un pont, en direction de Wum, en zone anglophone, le 6 décembre 2018. (VOA/Ministère de la défense)

Quatre militaires camerounais ont été condamnés à dix ans de prison ferme lundi et un autre à deux ans pour l'"assassinat" en 2015 de deux femmes et de leurs deux enfants, criblés de balles dans le nord du pays.

En juillet 2018, une vidéo montrant des soldats exécutant sommairement ces deux femmes, les yeux bandés, ainsi qu'une fillette et un bébé que l'une d'elles portait sur le dos, dans l'extrême-nord du Cameroun où l'armée combat des groupes jihadistes, avait été diffusée sur les réseaux sociaux.

Le gouvernement avait nié l'implication de son armée dans un premier temps, avant de faire arrêter 7 suspects. Deux ont été acquittés.

Le tribunal militaire de Yaoundé a prononcé son verdict pour "assassinat" et les peines d'emprisonnement après de très nombreux ajournements du procès. Le verdict est susceptible d'appel.

Le drame s'était déroulé en 2015 dans la localité de Zeleved, dans l'extrême-nord du Cameroun, où le groupe jihadiste nigérian Boko Haram et une branche dissidente multiplient les attaques meurtrières ces dernières année contre les civils et l'armée.

Lorsque la vidéo était devenue virale sur les réseaux sociaux trois ans plus tard, le pouvoir du président Paul Biya, à la tête du Cameroun depuis 1982, ainsi que l'armée avaient fermement nié l'implication de leurs soldats, parlant de "fake-news" et d'"horrible trucage". Mais, il s'était rétracté en août 2018, annonçant l'arrestation de sept militaires.

- Tollé international -

Le 21 octobre, après déjà plusieurs ajournements du procès, les sept militaires avaient plaidé non coupable.

Les attaques sont le fait de Boko Haram ou de l'Iswap (le groupe Etat islamique en Afrique de l'Ouest, selon son acronyme en anglais), qui multiplient, ces dernières années, les assauts très meurtriers visant les militaires et les civils dans l'extrême nord du Cameroun comme dans les régions limitrophes du Nigeria, du Tchad et du Niger, sur le pourtour du lac Tchad.

Mais les organisations internationales de défense des droits humain dénoncent également régulièrement des exactions et crimes commis contre des civils par les forces de sécurité au Cameroun.

Dans l'extrême-nord mais aussi dans les deux provinces à majorité anglophone du nord-ouest, où l'armée est aux prises depuis trois ans avec des groupes indépendantistes armés. Là aussi, les ONG dénoncent régulièrement des exactions et crimes dans les deux camps.

En février, trois militaires camerounais ont été inculpés de l'"assassinat" en février d'au moins 23 civils selon l'ONU, dont 10 enfants, dans un village des zones anglophones, Ngarbuh, un massacre qui avait déclenché un tollé international, contraignant le pouvoir à admettre la responsabilité de ses soldats, après l'avoir longtemps niée.

L'insurrection de Boko Haram, elle, est née en 2009 dans le Nord-Est du Nigeria avant de se propager dans les pays voisins, au Cameroun, au Niger et au Tchad. Depuis cette date, plus de 36.000 personnes (principalement au Nigeria) ont été tuées, et 3 millions ont dû fuir leur domicile, selon l'ONU.

En 2016, le groupe s'est scindé en deux branches: la faction dirigée par son chef historique, Abubakar Shekau, et l'Iswap, affilié au groupe Etat islamique (EI).

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