Un infirmier de 25 ans est mort mardi à la clinique Pasteur de Bamako, présentant les mêmes signes qu’un patient qu’il avait soigné, venu de la Guinée voisine.
Le directeur de la clinique Pasteur, Dramané Maiga, que VOA Afrique a joint, a indiqué que les médecins ont confirmé qu’il s’agit d’un cas de fièvre hémorragique à virus Ebola.
« Il a soigné un patient venu de la Guinée dont nous ignorions le diagnostic, mais qui saignait par le nez, par la bouche et dans les selles et elle s’est curieusement mise à présenter les mêmes et a succombé mardi soir, » a dit M. Maiga.
Le patient soigné par l’infirmier est mort deux semaines plus tôt. « Pour son cas, nous parlons de suspicion, puisqu’aucun test n’a été fait », a déclaré M. Maiga.
Un médecin de la clinique qui s’est exprimé sous les conditions d’anonymat, a affirmé que l’infirmier souffrait sans nul doute d’Ebola, au regard des symptômes manifestés par le patient qu’il a soigné.
Le médecin qui a contracté le virus à Ebola est présentement soigné. Il se porterait mieux, selon ses propres déclarations.
Le troisième cas de décès d'Ebola a officiellement été confirmé, selon le porte-parole du ministère de la santé, Makartié Daou.
Un premier cas d’Ebola a été confirmé le 23 octobre au Mali. Une petite fille venue également de Guinée en compagnie de sa grand-mère est morte après avoir été soignée à l’hôpital Fousseyni Daou au Mali.
Une enquête a été enclenchée après ce premier cas et a permis d’identifier 43 personnes ayant été en contact étroit avec l’enfant - des contacts non protégés.
Parmi eux: dix travailleurs de la santé, qui ont également été isolés et restent sous surveillance.
Dès l'annonce du troisième décès, des dizaines de personnes ont été placées en quarantaine mercredi.
Le Guinéen décédé, un imam âgé de 70 ans, était originaire de la ville frontière de Kourémalé, dans la préfecture de Siguiri. Après être tombé malade, il a été admis dans une clinique le 18 octobre, avant de passer la frontière pour se rendre à Bamako, au Mali, le 25 du même mois. Il était accompagné de 4 membres de sa famille, précise l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
En fin de compte, il n'a jamais été testé pour le virus à Ebola. Parce qu'il s'agissait d'un imam, sa dépouille a été transportée à une mosquée de Bamako, pour faire l'objet d'un lavage rituel, avant d’être rapatriée en Guinée pour y être enterrée à Kourémalé. Aucune précaution contre le virus à Ebola n’a été prise à cette occasion.
Une autre personne faisant partie de l'entourage de l'imam est morte cette semaine. Elle a été enterrée sans être testée pour le virus, mais les autorités estiment que l'homme est décédé de l'Ebola.
On pense également qu’un médecin de la clinique Pasteur où travaillait l’infirmier décédé - l'un des meilleurs centres médicaux de Bamako – pourrait avoir également contracté le virus à Ebola.
Il s’agit maintenant pour le Mali de retrouver les personnes qui auraient été en contact avec les malades, alors même que ceux qui avaient été proches de la fillette de deux ans qui est décédée le mois dernier de l’Ebola achevaient mardi leur quarantaine de 21 jours. Pour rappel, ce premier cas du virus au Mali avait été signalé à Kayes, le 24 octobre dernier. Selon l'OMS, ces deux cas de virus à Ebola confirmés au Mali ne semblent pas liés.
On s’inquiète du délai intervenu entre la mort de l'imam et la mise en place des mesures nécessaires pour contenir la maladie mortelle. Le Dr Samba Sow, responsable de la riposte à l’Ebola du Mali, a déclaré que l'imam est mort le 27 octobre, deux jours après s’être rendu à la clinique.
« Cette affaire montre le peu de formation des médecins à Bamako. Cette formation aurait dû être faite il y a six mois », a déclaré un travailleur humanitaire à Reuters, sous couvert de l’anonymat.
Le Mali partage une frontière de 800 km avec la Guinée, l’un des trois pays, avec le Libéria et la Sierra Leone à avoir été affectés par l’épidémie d’Ebola.