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Egypte : la police a enquêté sur l'étudiant italien assassiné, avant sa disparition


Le ministère egyptien de l'intérieur a publiblié la carte d'étudiant de Giulio Regeni retrouvé dans une station de police.
Le ministère egyptien de l'intérieur a publiblié la carte d'étudiant de Giulio Regeni retrouvé dans une station de police.

La police égyptienne a brièvement enquêté sur l'étudiant italien Giulio Regeni, retrouvé mort et atrocement torturé en janvier au Caire après sa disparition, avant de clore son dossier car ses activités n'étaient pas nuisibles, a annoncé vendredi le parquet égyptien.

C'est la première fois que les autorités égyptiennes reconnaissent s'être intéressées aux activités du jeune étudiant, peu avant sa disparition le 25 janvier en plein coeur du Caire. Son corps avait été retrouvé 9 jours plus tard en bordure d'autoroute dans la banlieue de la capitale, atrocement mutilé et torturé.

Malgré les démentis du gouvernement égyptien, la presse italienne et les milieux diplomatiques occidentaux soupçonnent des membres de l'un des services de sécurité égyptiens d'avoir enlevé et torturé à mort M. Regeni.

Doctorant de l'université britannique de Cambridge, il était en Egypte pour effectuer une thèse sur les mouvements ouvriers, un sujet sensible pour un gouvernement qui craint les grèves et les troubles sociaux.

Un dirigeant syndical "a communiqué à la police des informations concernant l'étudiant italien le 7 janvier 2016", selon un communiqué conjoint signé vendredi par le procureur de Rome, Giuseppe Pignatone et son homologue égyptien, Nabil Sadek, à l'issue de deux jours de réunion en Italie.

"Pendant trois jours, la police a enquêté sur ses activités, qui se sont avérées sans intérêt pour la sûreté nationale et les investigations ont donc cessé", selon le texte.

Le parquet égyptien a en outre confirmé "la faiblesse des indices" sur l'implication possible d'un gang présenté comme spécialisé dans l'enlèvement d'étrangers, dont la police a tué les quatre membres le 24 mars avant de retrouver chez l'un d'eux les effets personnels de l'étudiant italien. Une théorie que Rome a jugée peu crédible dès le départ.

- Coupures sur le corps -

Le corps du jeune étudiant a été retrouvé couvert de coupures et a subi de nombreuses fractures, semblant signifier qu'il a reçu des coups de poing et a été battu avec "des bâtons et des marteaux", selon un rapport d'autopsie des autorités italiennes.

La lettre X était gravée sur son front et sa main, selon le rapport cité par les médias italiens.

"Il est clair pour nous que les tortures infligées, le nombre de fois que notre fils a dû subir ça, les méthodes utilisées, ne peuvent être que l'acte pervers d'un professionnel de la torture", ont asséné ses parents, Paola et Claudio, cités mercredi dans la presse italienne.

En janvier, les soupçons s'étaient rapidement portés sur les forces de sécurité égyptiennes: certains services de la police ou du renseignement sont régulièrement accusés par les défenseurs des droits de l'Homme de disparitions forcées, de détentions illégales d'opposants égyptiens, voire d'actes de torture et d'assassinat.

L'affaire continue d'empoisonner les relations entre l'Egypte et l'Italie, l'un des principaux alliés européens du président Abdel Fattah al-Sissi. En avril, Rome avait rappelé son ambassadeur pour protester contre le manque de progrès dans l'enquête et les responsables italiens ont à plusieurs reprises haussé le ton, réclamant "la vérité" sur la mort de l'étudiant.

Avec AFP

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