Le Burkina Faso vote dimanche pour élire son président et ses députés dans un contexte politique et sécuritaire tendu.
Quelque 6,5 millions d'électeurs sont appelés aux urnes pour ce double scrutin, mais près d'un cinquième du pays ne pourra pas voter, faute d'une présence suffisante de l'Etat dans certaines zones du nord et de l'est en proie à des attaques jihadistes et à des violences intercommunautaires quasi quotidiennes.
La présidentielle met aux prises 13 candidats dont le président Roch Marc Christian Kaboré, qui cherche un second mandat de cinq ans. M. Kaboré, 63 ans, a été élu en 2015.
On compte parmi ses 12 adversaires Zéphirin Diabré, chef de file de l'opposition, et Eddie Komboïgo, candidat du parti de l'ex-président Blaise Compaoré, qui a quitté le pouvoir il y a six ans suite à un soulèvement populaire.
La veille même du double scrutin, l'opposition avait tiré la sonnette d'alarme sur des risques de "fraudes massives". Elle a promis de saisir le procureur et pourrait ne pas reconnaître les résultats.
Le président du parti présidentiel, Simon Compaoré, a "réfuté" les allégations de fraude annoncées par l'opposition, affirmant ne pas avoir besoin d'une quelconque fraude pour gagner les élections.
La sécurité, un enjeu primordial
Pays sahélien agricole et minier, le Burkina Faso vit ses heures les plus sombres depuis l'indépendance de 1960, s'enfonçant depuis cinq ans dans une spirale de violences, à l'instar de ses voisins le Mali et le Niger.
Les attaques des groupes jihadistes --certains affiliés à Al-Qaïda, d'autres à l'organisation Etat islamique--, parfois entremêlées de violences intercommunautaires, et la répression violente des forces de sécurité ont fait au moins 1.200 morts, majoritairement des civils.
Un million de personnes ont dû fuir leurs communautés, chassés de leurs foyers par la violence. Aucune mesure spécifique n'a été prise pour que ces déplacés internes puissent voter.
Signe de la tension ambiante dans le pays, un citoyen américain a été tué samedi par des forces de sécurité devant un camp militaire de Ouagadougou.
La situation est très tendue autour des camps et bases militaires souvent ciblés par les jihadistes, en province mais aussi une fois à Ouagadougou: en mars 2018, des attaques simultanées visant l'état-major des armées dans la capitale et l'ambassade de France avaient coûté la vie à huit militaires dans la capitale.
Dans les zones touchées par les exactions jihadistes, les autorités affirment que des forces de sécurité ont été déployées pour sécuriser le scrutin, mais aucun chiffre ou détail n'a été donné.
Politiquement, cette présidentielle parait néanmoins la plus ouverte de l'histoire du pays.
En cas de deuxième tour, les opposants ont annoncé qu'ils s'uniraient derrière celui qui arrivera en tête.