C'est l'élection locale la plus en vue depuis la victoire tonitruante du milliardaire il y a un an. La Virginie, 8,4 millions d'habitants, penche depuis plusieurs années du côté démocrate: Barack Obama et Hillary Clinton ont remporté l'Etat aux trois dernières élections présidentielles.
Le gouverneur est le chef de l'exécutif de l'Etat, doté de pouvoirs dans les domaines économiques, fiscaux, de police ou encore d'éducation. Il promulgue les lois votées par le parlement local.
Une victoire du candidat républicain, Ed Gillespie, face au démocrate, Ralph Northam, contredirait l'idée que l'impopularité du président pèse sur les candidats de son parti.
M. Trump a appelé ses électeurs à se mobiliser, assurant qu'un vote républicain conduirait à moins de délinquance et à une meilleure économie. Le gang d'origine salvadorienne "MS-13 disparaîtra et la délinquance s'évaporera", a-t-il tweeté mardi.
Mais au-delà de quelques messages sur le réseau social, il ne s'est pas impliqué outre mesure dans l'élection, qui n'est donc pas exactement un référendum sur l'occupant de la Maison Blanche.
Il s'agit plutôt de valider ou non l'orientation populiste et nationaliste du parti sous l'ère Trump, tant Ed Gillespie a imité la stratégie en plaçant au coeur de sa campagne les thèmes hautement conflictuels de l'insécurité, de l'immigration et des relations entre Blancs et Noirs.
Ed Gillespie, ancien président du parti républicain, n'a pas davantage prononcé le nom de Donald Trump lors de son dernier meeting, lundi soir, que pendant toute la campagne.
Mais il lie systématiquement insécurité et immigration clandestine, affirmant que son adversaire démocrate, Ralph Northam, actuel vice-gouverneur de Virginie, adopte des positions si laxistes qu'elles aideraient les pires criminels, comme ceux du gang MS-13.
Le républicain s'est aussi opposé au déboulonnage des statues confédérées qui parsèment la Virginie, ancien coeur du Sud pendant la guerre de Sécession, au moment où une coalition de groupes progressistes et de militants noirs demandent leur remisage, en tant que symboles de l'esclavage.
Interrogé par les journalistes sur sa relation avec Donald Trump, M. Gillespie a simplement répondu qu'il travaillerait "avec le président, le vice-président et le gouvernement"...
Candidat démocrate favori
Les démocrates, eux, attendent depuis un an de prendre leur revanche sur Donald Trump.
Barack Obama et Hillary Clinton ont appelé leurs sympathisants aux urnes, sur Twitter, non seulement en Virginie mais aussi dans les autres Etats qui organisent des scrutins, notamment le New Jersey, où le démocrate est favori pour succéder au gouverneur républicain Chris Christie.
Les démocrates n'ont réussi à conquérir aucun siège au Congrès lors des cinq élections partielles ayant eu lieu depuis le début de l'année malgré des millions de dollars dépensés en publicités, ce que le président américain leur rappelle régulièrement.
La participation aux élections intermédiaires est plus faible que pour les présidentielles. En 2013, 43% des électeurs de Virginie s'étaient déplacés aux urnes pour élire leur gouverneur, contre 72% pour la présidentielle de 2016.
Les démocrates espèrent que les plus motivés pour voter mardi seront les anti-Trump. Des électeurs comme Barton, un psychiatre retraité de 81 ans, qui habite Arlington, riche banlieue de Washington.
"Dès que je peux voter contre Trump, j'y vais", disait lundi à l'AFP cet ancien médecin. "Il me fait faire des cauchemars, et la plupart de mes amis sont pareils".
L'autre enseignement de l'élection concernera la méthodologie des sondages, un an après leur "loupé" dans quelques Etats qui étaient censés être acquis à Hillary Clinton. En Virginie, les trois dernières études donnaient entre 1 et 5 points d'avance au démocrate Ralph Northam.
Avec AFP