Avec encore dix meetings de campagne prévus d'ici lundi soir, dont un dans l'Etat-clé du Missouri ce jeudi, Donald Trump s'est jeté en plein dans cette élection, comme rarement un président américain ne l'avait fait auparavant.
Il sait en effet que l'issue du scrutin du 6 novembre sera déterminante pour les deux dernières années de son mandat. Avec la promesse d'une paralysie et d'une kyrielle d'enquêtes parlementaires contre lui si les démocrates reprennent la Chambre, voire le blocage de ses nominations juridiques et le spectre d'une procédure de destitution s'ils arrachent aussi le Sénat.
"Je ne suis pas sur le bulletin mais en fait si, parce que c'est aussi un référendum sur moi", a déclaré le milliardaire.
Donald Trump multiplie donc les annonces susceptibles de mobiliser les électeurs, comme celle de l'envoi de milliers de militaires à la frontière avec le Mexique à l'approche de migrants fuyant l'Amérique centrale.
"C'est une invasion", a-t-il martelé jeudi depuis la Maison Blanche, en annonçant qu'il signerait la semaine prochaine un décret sur l'immigration, sans plus de précisions. Ce sujet arrive justement en tête des préoccupations des électeurs républicains.
Sans tenter de dissimuler ses préoccupations électoralistes, il s'était agacé publiquement la semaine dernière de voir la bonne "dynamique" des républicains dans les sondages ralentie par l'envoi de colis piégés à plusieurs personnalités démocrates.
Et s'il a eu des mots forts après la pire attaque antisémite jamais commise aux Etats-Unis, samedi à Pittsburgh, Donald Trump a rapidement remis sa casquette de candidat pour un meeting le soir-même.
- "Enthousiasme" démocrate -
L'ancien homme d'affaires espère que son bombardement d'interventions pourra contrer l'élan démocrate.
"Ca va très bien pour nous au Sénat et je pense que ça marche très bien pour nous à la Chambre", a-t-il affirmé jeudi.
Optimisme contre optimisme: "Nous allons gagner", avait également affirmé mardi la chef des démocrates à la Chambre, Nancy Pelosi, d'ordinaire plus prudente.
"Les démocrates vont remporter la Chambre", avait-elle précisé sur CBS, en n'écartant pas la possibilité de reprendre la majorité au Sénat et de dominer dans la course aux postes de gouverneurs.
Face à un tel aplomb des deux bords, les derniers sondages dénotent au contraire une grande incertitude.
Les républicains détiennent une très courte majorité au Sénat (51-49) mais les démocrates font face à une équation extrêmement difficile: seul un tiers des sièges est renouvelé tous les deux ans. Or cette fois, les démocrates doivent défendre 26 des 35 sièges en jeu, dont plusieurs dans des Etats qui ont largement voté pour le républicain Trump en 2016.
A la Chambre, une trentaine d'élections sont encore trop serrées pour qu'un vainqueur émerge avec certitude, même si les sondeurs donnent l'avantage aux démocrates, portés par une grande mobilisation.
Le site FiveThirtyEight, référence dans les prédictions électorales, leur donne ainsi six chances sur sept d'emporter la chambre basse. En revanche la dynamique s'inverse totalement pour le Sénat, avec six chances sur sept pour une majorité républicaine.
Sur les 36 sièges de gouverneurs en jeu, plusieurs élections s'annoncent également extrêmement serrées. Avec des candidats qui ont déjà marqué l'histoire américaine, comme Andrew Gillum, premier candidat noir à ce poste en Floride, et Stacey Abrams, première candidate noire à un poste de gouverneur aux Etats-Unis.
Pour le Sénat, un sondage Fox News portant sur cinq Etats très disputés montrait aussi mercredi soir une grande incertitude.
Trois des cinq élections "peuvent aller dans un sens ou dans l'autre", remarque la chaîne à propos de l'Arizona, du Missouri et de l'Indiana. Et si dans le Tennessee et le Dakota du Nord, "les républicains mènent, l'enthousiasme des démocrates pourrait encore combler cet écart".
Au Texas, le démocrate devenu star de la politique nationale, Beto O'Rourke, arrive désormais 6,5 points derrière le républicain Ted Cruz pour le Sénat mais ne s'avoue pas vaincu.
"Plus que jamais, nous avons besoin de tous les Texans", a-t-il tweeté jeudi matin... en espagnol, histoire de mobiliser les électeurs hispaniques, clés dans cet Etat républicain.
Avec AFP