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Elections kényanes : le gouvernement suspend ses actions contre la société civile


Le président Uhuru Kenyatta fait un discours après l’annonce de sa victoire à la présidentielle à Bomas, Nairobi, Kenya, 11 août 2017.
Le président Uhuru Kenyatta fait un discours après l’annonce de sa victoire à la présidentielle à Bomas, Nairobi, Kenya, 11 août 2017.

Le ministère kényan de l'Intérieur a suspendu mercredi les mesures administratives prises contre deux organisations de la société civile qui envisagent de saisir la justice contre l'élection présidentielle du 8 août, dont l'opposition rejette le résultat, selon une source officielle.

Les mesures prises lundi et mardi par l'organisme du ministère de l'Intérieur supervisant les ONG (NGO Board - Conseil des ONG) contre la Commission kényane des droits de l'homme (KHRC) et AfriCOG, une organisation de la société civile engagée pour la transparence de la vie publique, ont été critiquées par ces dernières comme une tentative d'intimidation.

"Tout ce qui se passe en ce moment tourne autour des élections", a déclaré à l'AFP Maina Kiai, vice-président du conseil d'AfriCOG et membre du conseil de la KHRC. "Il s'agit (pour le gouvernement, ndlr) de s'assurer que cette élection reste la plus opaque possible".

Mercredi matin, des agents de l'administration fiscale kényane (KRA) se sont présentés au siège d'AfriCOG, exigeant d'avoir accès aux dossiers de l'organisation pour réaliser un audit. AfriCOG, jugeant le mandat présenté comme "un faux", leur a refusé l'entrée dans leurs locaux.

Peu de temps après, le ministre de l'Intérieur a adressé un courrier au Conseil des ONG, l'enjoignant à "suspendre toute action contre ces organisations" pendant 90 jours au plus, le temps d'enquêter en profondeur sur KHRC et AfriCOG.

Lundi, le NGO Board avait annoncé révoquer la licence de la KHRC, arguant d'irrégularités telles que des impôts impayés, des comptes en banque illégaux et l'absence de permis de travail pour des employés étrangers. Mardi matin, le même conseil avait demandé à la police de fermer AfriCOG et d'arrêter ses membres, au motif que l'organisation n'était pas dûment enregistrée comme ONG.

"Nous interprétons cela comme une attaque contre deux des organisations de défense des droits de l'homme les plus en vue du pays", a déclaré à l'AFP Muthoni Wanyeki, coordinatrice d'Amnesty International pour l'Afrique de l'Est et la région des Grands Lacs. "Vu le moment choisi (...) c'est très alarmant", a-t-elle ajouté avant que ne soit rendue publique la décision du ministère de l'Intérieur.

Mardi, AfriCOG et la KHRC avaient indiqué discuter d'un éventuel recours en justice contre le résultat de l'élection présidentielle du 8 août, qui a mené à la réélection d'Uhuru Kenyatta, tout en assurant ne pas avoir encore pris de décision.

L'opposition argue de fraudes massives lors de l'élection et a promis d'annoncer mercredi comment elle comptait contester le résultat. Les violences qui ont éclaté dans certains bastions de l'opposition après l'annonce vendredi soir de la victoire de M. Kenyatta ont fait au moins 17 morts.

Avec AFP

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