Les Nations unies s'inquiètent d'un "rétrécissement de l'espace démocratique" en République démocratique du Congo à l'approche d'élections incertaines et exhortent les autorités de Kinshasa à "protéger les droits civils et politiques" dans le pays, dans un rapport publié mardi 8 décembre.
L'ONU relève une "tendance de restrictions à la liberté d'expression et d'atteintes à la sécurité de ceux qui expriment des opinions critiques concernant les actions du gouvernement (qui) dénote un rétrécissement de l'espace démocratique susceptible d'affecter la crédibilité du processus électoral".
Depuis le début de l'année, "des menaces, des arrestations et détentions arbitraires ont ciblé principalement des professionnels des médias, des membres de la société civile et des opposants politiques", lit-on dans ce rapport réalisé par la Mission de l'ONU au Congo (Monusco) et le Haut-Commissariat des Nations unies pour les droits de l'Homme.
L'ONU s'inquiète d'une "répression inquiétante" en RDC où elle a documenté "143 violations des droits de l'Homme en lien avec le processus électoral", au cours des trois premiers trimestres de 2015, période pendant laquelle "au moins 649 personnes ont été arrêtées et détenues arbitrairement".
Les zones d'opposition particulièrement visées
Selon le rapport, ces violations ont été enregistrées principalement dans "des provinces où les partis d'opposition et la société civile se distinguent particulièrement" : Kinshasa, Nord et Sud-Kivu (est) et Kasaï-Oriental (centre), région d'origine du vieil opposant Étienne Tshisekedi, rival malheureux du président congolais Joseph Kabila à la présidentielle de 2011, marquée par des fraudes massives.
Le climat politique est très tendu depuis des mois en RDC à l'approche d'un cycle électoral qui devait commencer initialement en octobre 2015 pour mener jusqu'à la présidentielle de novembre 2016, à laquelle la Constitution interdit à M. Kabila - au pouvoir depuis 2001 - de se représenter.
Depuis l'invalidation du calendrier électoral par la Cour constitutionnelle en septembre, le plus grand flou règne sur la tenue des scrutins à venir.
L'opposition dans son ensemble accuse le clan présidentiel de manoeuvrer pour permettre au chef de l'État de rester au pouvoir au-delà du terme de son mandat (décembre 2016) en cherchant à retarder la tenue de la présidentielle, et voit comme un "piège" le récent "dialogue national" en vue "d'élections apaisées" annoncé par M. Kabila pour une date non encore fixée.
En janvier, plusieurs dizaines de personnes ont été tuées lors d'émeutes contre le pouvoir et dans leur répression, essentiellement à Kinshasa.
Avec AFP