Une annonce reçue avec grand dédain par le président américain, qui a encore moqué les origines amérindiennes lointaines de celle qu'il surnomme "Pocahontas".
Une classe moyenne "attaquée" par "les milliardaires et les grandes entreprises" qui ont "enrôlé des hommes politiques pour obtenir une plus grosse part" du gâteau: c'est avec un message résolument à gauche, proche de celui de Bernie Sanders, qu'Elizabeth Warren, ancienne professeure de droit à Harvard âgée de 69 ans, a annoncé sur Twitter le lancement d'un "comité de soutien".
Ces comités permettent aux Etats-Unis aux prétendants à la présidentielle de rassembler des fonds et de prendre plus précisément la mesure de leurs chances. De fait, ils signalent un pas décisif.
Aux côtés de son époux et de leur chien, Elizabeth Warren a répété vouloir se battre pour la classe moyenne "écrasée", lors d'une conférence de presse organisée dans la rue.
"Mais je suis optimiste, je crois en ce que nous pouvons accomplir ensemble", a déclaré cette mère de deux enfants, nés d'une première union.
Plaidant pour le contrôle des banques et de Wall Street, un système de santé universel, un salaire minimum plus élevé et la défense du climat, elle déplore que le rêve américain, qui a permis à des millions de familles modestes comme la sienne d'avancer, soit désormais grippé. Et davantage encore pour les minorités.
Ancienne enseignante dans le public et avocate, la sénatrice du Massachusetts depuis 2013 siège notamment à la commission en charge des affaires bancaires, où elle lutte contre la dérégulation en brandissant l'épouvantail de la crise de 2008.
Et si elle critique le discours de division, selon elle, du milliardaire Donald Trump, elle a pris soin de ne pas en faire le coeur de son message, préférant l'axer sur cette classe moyenne et populaire déçue qui a en grande partie donné la victoire au républicain en 2016.
- Trump: Demandez "à son psychiatre" -
La sénatrice s'est régulièrement engagée dans des joutes sur Twitter avec le président, qui l'a affublée du surnom "Pocahontas" pour moquer les origines amérindiennes qu'elle revendique. Une attaque raciste selon elle.
Pour le faire taire, Elizabeth Warren a dévoilé en octobre une étude génétique montrant l'existence lointaine d'ancêtres amérindiens. Une initiative menée plutôt maladroitement et qui aurait embarrassé jusque dans ses rangs.
Des racines amérindiennes? "Vous en avez plus qu'elle, et peut-être que moi aussi, alors que je n'en ai pas du tout", a encore ironisé Donald Trump lundi, en réponse à un journaliste de Fox News, dans un entretien qui sera diffusé dans la soirée (03H00 GMT mardi).
Croit-elle vraiment pouvoir gagner? "Je ne sais pas, il faudrait demander à son psychiatre", tacle le président, selon des déclarations publiées en avance.
- Nombreux candidats -
Apparaissant parfois un peu raide, son profil rappelle trop celui de la candidate démocrate perdante en 2016, Hillary Clinton, avancent ses critiques. Faux, elle est beaucoup plus à gauche et attendez de la voir plus naturelle auprès des électeurs, rétorquent ses soutiens.
Du côté des progressistes, on s'est réjoui tout en prenant soin de ne pas se rallier formellement à sa candidature, dans l'attente de l'annonce des autres prétendants démocrates à la présidentielle de novembre 2020 qui devraient suivre sous peu. Car le terrain s'annonce encombré.
Joe Biden, ex-vice-président de Barack Obama, arrive en tête des premiers sondages, suivi de Bernie Sanders, sénateur et candidat malheureux en 2016 face à Hillary Clinton. Au troisième rang, Beto O'Rourke suscite un grand intérêt malgré son échec à la sénatoriale contre Ted Cruz en novembre. Elizabeth Warren arrive plusieurs rangs derrière.
Les sénateurs Sherrod Brown, Kamala Harris, Kirsten Gillibrand et Cory Booker sont également pressentis, tout comme le multimilliardaire et ex-maire de New York, Michael Bloomberg.