"L'Europe dont nous avons besoin sera refondée et relancée, car elle nous protège", a déclaré ce centriste pro-européen de 39 ans dans son premier discours officiel à l'Elysée.
Dès lundi soir, Emmanuel Macron, tout comme son prédécesseur socialiste François Hollande en 2012, rendra visite à la chancelière allemande Angela Merkel à Berlin pour son premier déplacement à l'étranger.
Signe de sa volonté de relancer l'axe franco-allemand dans une Europe en crise, le nouveau chef de l'Etat a choisi comme conseiller diplomatique l'actuel ambassadeur de France en Allemagne, Philippe Etienne, 61 ans.
Face aux "excès" du monde, "nous aurons besoin d'une Europe plus efficace, plus démocratique, plus politique, car elle est l'instrument de notre puissance et de notre souveraineté", a-t-il assuré devant les centaines d'invités réunis dans la salle des Fêtes de l'Elysée pour la cérémonie d'investiture.
"Une nouvelle page s'ouvre pour la #France, un nouvel élan pour l'Europe", a salué le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker sur Twitter.
Quel Premier ministre ?
Le nouveau président, qui doit encore obtenir une majorité aux législatives de juin pour mettre en oeuvre son programme, a aussi promis de "rassembler" les Français, de plus en plus sceptiques vis-à-vis de la mondialisation et de l'Europe.
"Les Françaises et les Français qui se sentent oubliés par ce vaste mouvement du monde devront se voir mieux protégés", a dit celui qui a largement remporté la présentielle malgré le score historique de la patronne de l'extrême droite Marine Le Pen.
Le jeune centriste qui a conquis le pouvoir sur un programme "ni de droite, ni de gauche", sans aucune expérience électorale et sans parti politique structuré, a promis de réformer "profondément la vie politique" dans un pays très divisé, en proie à un chômage endémique (10%) et toujours sous état d'urgence du fait des menaces terroristes.
Cet ancien banquier d'affaires et ancien ministre de l'Économie doit désormais réussir son pari de dynamiter la classe politique française pour trouver une majorité au centre aux législatives de juin.
"Je ne céderai sur rien des engagements pris", a-t-il assuré dimanche alors que certains, notamment à droite, demandent des gages avant de rejoindre le camp présidentiel.
Le profil du chef du gouvernement, qui mènera la bataille des législatives pour le mouvement présidentiel La République en marche, constituera un test majeur de sa volonté de recomposition politique. Sa nomination est prévue lundi.
Emmanuel Macron a gardé le secret sur son choix, laissant les rumeurs agiter le monde politique et médiatique. Mais le nom d'Edouard Philippe, un élu de la droite modérée proche de l'ancien Premier ministre Alain Juppé, est le plus souvent cité.
Dimanche matin, c'est au cours d'une cérémonie très protocolaire que le nouveau président a pris ses fonctions à l'Elysée, en présence de son épouse Brigitte, 64 ans, radieuse et souriante dans une robe bleu lavande. Ce couple atypique a focalisé l'attention du monde entier du fait du quart de siècle qui les sépare.
Visite aux soldats
Après une salve de 21 coups de canon, le nouveau chef de l'Etat a quitté seul l'Élysée pour remonter l'avenue des Champs-Élysées entre deux averses.
Il a pris place à bord d'un véhicule militaire, traditionnellement utilisé pour passer les troupes en revue lors de la Fête nationale du 14 juillet.
Il a ensuite déposé une gerbe sur la tombe du Soldat inconnu à l'Arc de Triomphe, en présence des chefs militaires, puis s'est rendu au chevet de soldats français blessés en opérations.
Pour ce jeune président qui n'a pas fait son service militaire, il importe d'endosser au plus vite les habits de chef des armées, très mobilisées contre les groupes jihadistes, du Sahel au Moyen-Orient.
Il a d'ailleurs prévu de rendre visite aux soldats français en opérations d'ici la fin de la semaine. Environ 4.000 d'entre eux sont notamment déployés sur cinq pays du Sahel et 1.500 contre le groupe Etat islamique en Irak et Syrie.
Après un mandat marqué par une impopularité record, François Hollande, 62 ans, a assuré dimanche qu'il laissait "la France dans un état bien meilleur que celui qu'(il a) trouvé", au départ de son prédécesseur de droite, Nicolas Sarkozy, en 2012.