"Comment arrêter ça ?" "Insupportable!" "L'impasse"... Les titres de la presse étaient évocateurs lundi, résumant l'exaspération après les nouvelles scènes de violences et pillages ayant marqué samedi la 18e manifestation des gilets jaunes, quatre mois après le début de la contestation.
Alors que le mouvement semblait marquer le pas dans la rue ces dernières semaines, les images de chaos sur "la plus belle avenue du monde" ont de nouveau tourné en boucle ce week-end, provoquant des réactions jusqu'à Berlin qui a qualifié de "terrifiante" la violence parisienne.
Cette nouvelle explosion, plus de trois mois après le saccage des Champs-Elysées et de l'emblématique Arc-de-Triomphe, a mis le pouvoir sous haute pression. Apparu comme pris de court, comme l'ont cruellement illustré les images du président Macron sur des pistes de ski au moment où la violence explosait à Paris, l'exécutif a reconnu "un échec" et des "dysfonctionnements".
Emmanuel Macron estime "que la seule réponse possible est une réponse de sécurité", a confié un proche du président après une réunion lundi matin au palais présidentiel de l'Elysée avec les trois ministres chargés de l'Intérieur et de la Justice Christophe Castaner, Laurent Nunez et Nicole Belloubet.
Le chef de l'Etat est "très déterminé" à faire en sorte que les actes de violences s'arrêtent et estime qu'il n'y a "pas de dialogue possible avec ce noyau dur extrémiste", selon la même source.
Le préfet de police de Paris, Michel Delpuech, apparaît sur la sellette, et la stratégie de maintien de l'ordre devraient être de nouveau examinée. Un total de 5.000 policiers et gendarmes avaient été mobilisés samedi, mais certains plaident pour une réponse encore plus musclée. "Il faut assumer d'aller au contact et peut-être d'avoir des blessés", estime ainsi Frédéric Lagache, un responsable du syndicat policier Alliance.
Certains secteurs des Champs-Elysées pourraient être interdits aux manifestations (ce qui n'empêcherait pas les casseurs d'aller dans d'autres quartiers de la capitale). L'opposition de droite, qui a directement accusé MM. Macron et Castaner d'avoir "sous-estimé la violence" et "de ne pas avoir apporté de réponse à la hauteur de la crise", va jusqu'à réclamer l'interdiction de manifestations de "gilets jaunes" dans toute la France.
Commerçants "traumatisés"
L'exécutif doit également faire face aux inquiétudes des commerçants et entrepreneurs touchés par les violences.
"Je veux qu'il n'y ait aucun commerçant, aucun artisan obligé de mettre la clé sous la porte à cause de ces mouvements à répétition", a promis lundi le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, qui devra s'expliquer mardi avec M. Castaner devant le Sénat sur les conséquences économiques de ces violences.
Une centaine de commerces ont été vandalisés samedi, selon la chambre de commerce de la région parisienne. Selon la Fédération française de l'assurance (FFA), les dégâts liés aux manifestations de gilets jaunes se chiffrent à 170 millions d'euros depuis novembre, un chiffre qui ne prend pas en compte les dégradations de samedi.
Ce nouveau rebondissement dans la contestation survient alors que le gouvernement espérait sortir de la crise, née il y a quatre mois d'un immense ras-le-bol social et fiscal, avec le "grand débat national".
Ce grand débat a vu se multiplier les réunions locales en France (plus de 10.000) et les contributions des citoyens sur un site internet dédié.
Fiscalité, pouvoir d'achat, retraites, éducation, santé, transition écologique: de multiples thèmes ont été abordés pendant ce débat, achevé officiellement vendredi. Le gouvernement s'est donné jusqu'à la mi-avril pour décider ce qu'il compte faire des très nombreuses propositions qui ont émergé.
Mais il devra "accélérer certainement la réponse", a estimé lundi une des figures garantes de ce grand débat, Nadia Bellaoui.