Le Congrès National Africain (ANC), au pouvoir dans la plupart des 278 métropoles du pays, est surtout menacée dans trois villes: la capitale Pretoria, le "hub" économique Johannesburg et Port Elizabeth, cité industrielle du bord de l'océan Indien.
Les sondages indiquent que la bataille s'annonce serrée dans ces métropoles avec l'Alliance Démocratique (DA), le principal parti d'opposition de centre-droit qui gouverne déjà la capitale parlementaire, Le Cap (sud). Mais selon l'institut Ipsos South Africa, c'est à Port Elizabeth que l'opposition a le plus de chances de remporter le scrutin. Dans cette ville où le chômage bat des records (36% contre 26,7% au niveau national), les déçus de l'ANC sont nombreux.
Comme dans plusieurs zones du pays, certains townships de la ville sont toujours privés de services publics de base comme l'eau ou l'électricité, accentuant le mécontentement des plus défavorisés qui jugent que trop peu de progrès ont été faits depuis la fin de l'apartheid.
"Je veux voir un vrai changement car depuis qu'on a le droit de vote, nos conditions de vie n'ont pas changé. Il y a de plus en plus de logements en tôle", déplore Jacky Mathonsi, professeur de 42 ans, dans le bidonville d'Alexandra où les conditions de vie sont très précaires.
- Possible et dangereuse coalition contre l’ANC -
Fondé en 2013 par l’ancien leader des jeunes de l'ANC Julius Malema, les Combattants pour la liberté économique (EFF), formation de gauche radicale emmenée participe pour la premiere fois à des élections municipales et devrait grignoter des parts de l'électorat le plus radical du parti au pouvoir.
"Même si on obtient un seul siège ce sera un accomplissement", a déclaré Julius Malema après avoir voté aux côtés de sa grand-mère dans la province du Limpopo (nord).
Mardi, il avait laissé la porte ouverte à une coalition avec d'autres partis d'opposition si l'ANC venait à être mise en minorité dans une grande métropole.
Or, un revers du parti au pouvoir dans une grande ville serait un coup dur pour le président Zuma, déjà affaibli ces derniers mois par plusieurs scandales et par la situation économique morose de l'Afrique du Sud.
Pour Judith February, chercheur à l'Institut des études de sécurité (ISS)"Une défaite à Port Elizabeth ou à Johannesburg, historiquement peuplées par des travailleurs noirs, serait profondément symbolique pour l'ANC. Le président serait alors beaucoup plus vulnérable".
Mais en face, le parti au pouvoir ne panique pas. Ces dernières semaines, les cadres de l'ANC - y compris le président Jacob Zuma - ont fait campagne pour rassurer leur électorat.
"Je suis très content du travail de ce gouvernement", estime d’ailleurs Benedict Tuge, 50 ans. "Beaucoup de choses ont changé depuis 1994. Vous connaissez beaucoup de gouvernements qui donnent des maisons gratuites aux gens?", demande l'homme qui a voté à Soweto, bastion de l'ANC, à quelques mètres de l'ancienne maison de Nelson Mandela.
Le président sud-africain Jacob Zuma s'est rendu aux urnes dans le village de Nkandla (est), le lieu de sa fameuse résidence privée pour laquelle il doit rembourser une partie des travaux effectués avec de l'argent public.
Quant au leader de la DA, Mmusi Maimane, il a accompli son devoir citoyen dans la banlieue ouest de Johannesburg. "C'est un jour historique, c'est notre moment. Venez et votez pour le changement", a-t-il lancé en sortant du bureau de vote.
Plus de 26 millions d'électeurs se sont rendus aux urnes, un record dans la jeune démocratie sud-africaine.
Les bureaux sont restés ouverts de 07H00 (05H00 GMT) à 19h00 (17h00 GMT) et les résultats dans les grandes villes devraient être connus d'ici jeudi matin.
Avec AFP