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En attendant le "rêve américain", le rêve mexicain de migrants haïtiens


Des centaines d'Haïtiens, parmi les milliers de migrants réfugiés à un point de passage entre le Mexique et les États-Unis, cherchent nourriture, soins et repos dans la ville mexicaine de Ciudad Acuña. Chaque jour, leur rêve américain s'estompe un peu plus.

Mardi, des hommes et des femmes sont repassés du côté mexicain. Certains d'entre eux ont confié à l'AFP qu'il y était plus facile d'acheter de la nourriture, de se reposer de la chaleur et de recevoir des soins médicaux.

"Nous sommes désespérés parce que beaucoup de gens ont le rêve d'aller là-bas (aux États-Unis) et maintenant ils expulsent tout le monde", se lamente Maximil Marcadieu, 28 ans, qui a quitté le Chili le 21 juillet pour arriver il y a une semaine à Ciudad Acuña.

Ces derniers mois, des dizaines de milliers de sans-papiers, principalement des Haïtiens, sont arrivés à la frontière sud du Mexique pour poursuivre leur périple vers les États-Unis avec l'espoir d'y trouver refuge.

Mais les autorités américaines ont commencé à rapatrier des Haïtiens par voie aérienne depuis Del Rio, la ville du Texas en bordure de Ciudad Acuna.

Marcadieu dit être parti du Chili avec sa femme et sa fille de deux ans. Ils sont passés par la Bolivie, le Pérou, la Colombie, le Panama, le Costa Rica, le Honduras, le Nicaragua, le Guatemala et le Mexique.

Comme des milliers de ses compatriotes, il affirme que le plus dur a été de traverser la jungle inhospitalière du Darien entre le Panama et la Colombie, où ils ont marché quatre jours.

Les migrants disent que certains y ont perdu la vie.

Malgré la menace latente d'être expulsé du territoire américain, Maximil Marcadieu veut tenter de traverser.

"J'ai ma famille là-bas aux États-Unis et les Haïtiens veulent toujours vivre ensemble, c'est pour cela que j'ai quitté le Chili", a ajouté le migrant, qui se trouve du côté mexicain où il est venu chercher de la nourriture.

- Nous avons peur" -

Pour endiguer cette vague qui a déclenché une crise humanitaire aux frontières, le Mexique et les États-Unis étudient la possibilité d'un accord régional, a confirmé mardi le ministre mexicain des Affaires étrangères, Marcelo Ebrard.

"Je lui ai dit qu'il serait souhaitable de parvenir à un accord régional. Nous serons en communication à ce sujet", a tweeté M. Ebrard, citant une conversation téléphonique lundi avec le secrétaire d'État américain Antony Blinken.

Les deux hommes ont "discuté de la nécessité d'un effort régional coordonné pour endiguer le flux de migration irrégulière", a indiqué un communiqué du département d'État, sans donner de détails sur cette initiative.

Pendant ce temps, les mouvements à Ciudad Acuña sont incessants. Les migrants vont et viennent à travers le Rio Bravo à l'aide de cordes à cause du courant parfois traître. Lorsque le niveau de l'eau monte, les agents frontaliers ferment le passage pour éviter les noyades.

Elvinson Saintil, un adolescent de 16 ans, a également fait le voyage depuis le Chili avec ses parents et ses trois frères et soeurs.

Il affirme que sa famille avait déjà un rendez-vous pour demander l'asile mais qu'elle a manqué son tour.

"Ils disent qu'ils déportent aussi des familles et des femmes enceintes (...) nous avons peur", s'inquiète-t-il.

- Solidarité -

Pendant ce temps, l'esplanade d'un parc situé près de la rivière est devenue un abri de fortune pour plusieurs dizaines de migrants.

Des bénévoles d'organisations telles que Médecins Sans Frontières y proposent leur aide.

De nombreuses personnes arrivent également en voiture ou en camionnette pour vendre de la nourriture, de l'eau ou des boissons non alcoolisées.

"Nous venons leur prêter main forte", déclare Enrique Mercado, le gérant d'un restaurant dont la spécialité est le poulet grillé, après avoir vendu une portion à l'un des migrants à un prix inférieur à celui indiqué sur son menu.

Le secrétaire américain à la Sécurité intérieure, Alejandro Mayorkas, a déclaré lundi que les migrants haïtiens ont été mal informés sur le fait qu'ils pouvaient rester aux États-Unis en tant que réfugiés dans le cadre du statut de protection temporaire (TPS).

Suite à l'aggravation de la crise politique liée à l'assassinat du président Jovenel Moise en juillet et au récent tremblement de terre qui a secoué Haïti, Washington a prolongé le TPS pour tous les Haïtiens qui se trouvaient aux États-Unis le 29 juillet ou avant.

Mais "aucune personne arrivée au cours de la dernière semaine ne sera éligible au TPS", a averti M. Mayorkas.

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