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En Centrafrique, un référendum pour autoriser un troisième mandat présidentiel


Faustin Archange Touadéra a été élu en 2016 puis réélu en 2020 à l'issue d'un scrutin entaché d'accusations de fraude.
Faustin Archange Touadéra a été élu en 2016 puis réélu en 2020 à l'issue d'un scrutin entaché d'accusations de fraude.

Les électeurs centrafricains votent dimanche par référendum sur un projet de nouvelle constitution qui donnerait la possibilité au président Faustin Archange Touadéra de briguer un troisième mandat.

M. Touadéra a été élu en 2016 puis réélu en 2020 à l'issue d'un scrutin entaché d'accusations de fraude et perturbé par des groupes armés rebelles. Protégé par des mercenaires de la société de sécurité privée russe Wagner depuis 2018, le chef de l'Etat est accusé par l'opposition et la rébellion de vouloir rester "président à vie".

Centrafrique : nouvel acte vers le prochain référendum constitutionnel du 30 juillet
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Les bureaux de vote ouvriront à 6h (5h00 GMT) et fermeront à 16h (17h00 GMT) dimanche pour environ 1,9 million d'électeurs. Les résultats provisoires doivent être publiés sous huit jours, et la cour constitutionnelle proclamera les résultats définitifs le 27 août, selon l'autorité nationale des élections (ANE). Dans les rues de Bangui, capitale d’un pays où 71 % de la population vit en-dessous du seuil de pauvreté selon la Banque mondiale, l’urgence d'un tel référendum interroge.

La nouvelle constitution allonge notamment la durée du mandat présidentiel de cinq à sept ans, et supprime la limite de mandat. "Il y a les gens qui meurent, les rébellions, les braquages, les détournements d'argent. Mais le président ne pense même plus à gérer. Il veut seulement passer à son troisième mandat", peste Fios Manda, un commerçant.

Les principaux partis d’opposition et organisations de la société civile, ainsi que les groupes armés rebelles, ont appelé à boycotter le scrutin. "Nous sommes face à un coup d'Etat constitutionnel, l'objectif de la non limitation de mandat est tout simplement le pouvoir à vie", fustige l'opposant Martin Ziguélé, président du Mouvement de libération du peuple Centrafricain (MLPC).

"Cette constitution émane de la volonté du peuple après le dialogue républicain organisé en mars 2022", soutient Evariste Ngamana, vice président de l’assemblée nationale et porte-parole de la majorité présidentielle. "Le but recherché est de créer la stabilité au niveau des institutions et les conditions nécessaires au développement de la République Centrafricaine", assure-t-il.

Climat pesant

En septembre 2022, la Cour constitutionnelle avait infligé un revers juridique au pouvoir en annulant la mise en place d’un Comité chargé de rédiger une nouvelle constitution. La présidente de la Cour constitutionnelle, Danièle Darlan, avait alors été la cible d'une violente campagne de dénigrement par des soutiens du régime. En janvier 2023, le pouvoir avait finalement mis Mme Darlan à la retraite d'office.

Le reste de la campagne s’est déroulé dans un climat pesant. Des responsables gouvernementaux centrafricains ont menacé et harcelé des adversaires du référendum, selon Human Rights Watch (HRW), les autorités ont interdit une manifestation de l’opposition dans la capitale.

Influences

Aucune statistique crédible ne permet de prédire l'issue du vote qui doit se dérouler dans plus de 5.400 bureaux dispersés sur un vaste territoire où les groupes armés mènent des actions de guérilla, mais la victoire du "oui" fait peu de doute. L’opposition dénonce l’absence de fichier électoral et le manque d’indépendance des institutions chargées de garantir la régularité des résultats.

M. Touadéra a annoncé que la Russie et le Rwanda, deux Etats dont l’influence s’est considérablement accrue depuis quelques années en Centrafrique, allaient "appuyer" la sécurisation du scrutin. Un organe lié à Wagner a assuré en juillet que plusieurs centaines de ses combattants étaient arrivés sur le territoire pour assurer cette mission.

En 2020, les plus puissants groupes armés du pays se sont rassemblés pour lancer une offensive sur Bangui et renverser le régime. Des centaines de mercenaires de Wagner ainsi que des soldats rwandais ont été déployés pour sauver le pouvoir en place et ont repoussé les rebelles dans les zones rurales.

Selon HRW, des responsables de l'ambassade de Russie en Centrafrique ont rendu visite à l'ancienne présidente de la cour constitutionnelle pour demander des conseils sur la manière de modifier la constitution. Le Mali, un autre pays où Wagner est présent, a promulgué en juillet une nouvelle constitution à l’issue d’un référendum contesté.

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