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Enclaves espagnoles au Maroc: l'héritage d'un passé mouvementé


Des soldats espagnoles sur l'île de Perejil, le 19 juillet 2002.
Des soldats espagnoles sur l'île de Perejil, le 19 juillet 2002.

Le 18 juillet 2002, les commandos de l'armée espagnole intervenaient sur l'îlot de Perejil, dans le détroit de Gibraltar, pour déloger une poignée de soldats marocains débarqués là une semaine auparavant.

L'opération s'était déroulée sans effusion de sang, et Madrid avait recouvert sa "souveraineté" sur ce gros caillou pelé et inhabité, à 200 mètres du littoral marocain.

Une grave crise éclatait entre les deux pays, qui a nécessité l'intervention diplomatique des Etats-Unis.

On n'était pas passé loin d'une "guerre", souligne la presse espagnole à l'occasion de l'anniversaire de cet incident, alors que Madrid et Rabat louent aujourd'hui leur "excellente" coopération.

Dans la foulée de la 'Reconquista'

Héritage d'une histoire faite de guerres et de conquêtes croisées, l'Espagne conserve à ce jour sept enclaves sur le littoral marocain.

La plupart ont été conquises au XVe et XVIe siècles dans la foulée de la "Reconquista".

Les "rois catholiques" d'Espagne avaient alors prolongé leur avancée sur la côte nord de l'Afrique pour y installer des postes militaires destinés à se protéger des incursions des pirates barbaresques. Ces postes subirent de multiples attaques, et furent perdus ou échangés.

À la fin du XVIIIe, l'Espagne ne possédait plus que les villes de Ceuta et Melilla, ainsi que quelques rochers -"los peñones"-.

Utilisés un moment comme bagnes, ces possessions serviront de tête de pont à la colonisation lancée au début du XXe siècle.

'Place de souveraineté'

Aujourd'hui baptisées "place de souveraineté", Madrid les considère comme "partie intégrale" de son territoire.

Rabat continue de les revendiquer et les voit comme des vestiges de l'occupation coloniale (1912 à 1956).

Il y a d'abord Ceuta et Melilla, des villes en terre ferme marocaine situées respectivement près de Tétouan (nord) et Nador (nord-est). Et tout un chapelet d'îlots le long des côtes: Perejil, Le Penon de Velez de la Gomera, les îles Alhucemas, les îles Chafarinas, et l'île d'Alboran.

Le Penon de Velez de la Gomera est une presqu'île fortifiée située en face du village marocain Badès.

Dans la baie d'Al-Hoceïma, les îles Alhucemas sont constituées de trois petites îles, dont deux inoccupées, et le Penon de Alhucemas, un fort militaire.

Plus à l'est, les îles Chafarinas regroupent l'île du Congrès, l'île du Roi, et l'île Isabelle II.

Contrôlés par l'armée, ravitaillés par hélicoptère, ces îlots sont interdits aux Marocains et aux civils espagnols.

Un peu d'Europe

L'Espagne exerce sa souveraineté sur Ceuta et Melilla respectivement depuis 1580 et 1496.

De très nombreux Marocains y vivent ou s'y rendent quotidiennement pour faire leurs achats de produits détaxés, les habitants des régions de Tétouan et Nador bénéficiant d'une dérogation pour franchir la frontière.

Les deux villes jouissent d'un statut de "port franc" qui contribue à leur développement économique, et alimente une contrebande -largement tolérée- dans le nord du Maroc.

Depuis 2005, Ceuta et Melilla font face à une très forte pression migratoire, avec des milliers de clandestins sub-sahariens qui tentent de pénétrer chaque année dans ces antichambres de l'Eldorado européen.

Espace maritime

Un autre contentieux perdure entre les deux pays sur l'espace maritime, au large du Sahara occidental sous contrôle marocain, face aux îles Canaries.

Début juillet, le Maroc a décidé unilatéralement d'étendre son domaine maritime dans cette zone. Madrid n'a pas réagi.

La délimitation de ces eaux avait par le passé suscité des tensions entre Rabat et Madrid, notamment après le démarrage des premières explorations pétrolières dans la zone.

Avec AFP

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