L'aquaculture ou pisciculture est en plein essor aux Etats-Unis, où elle ne parvient pas à suffire à la demande en produits halieutiques. Parmi les Etats où la production de poissons est la plus répandue : la Californie, Hawaii, la Louisiane, pour n’en nommer que quelques-uns.
A 26 km de la frontière entre la Californie et le Mexique, non loin de San Diega, la société Imperial Catfish vend tout le poisson qu’elle produit.
« Nous sommes probablement la plus grande ferme de poisson-chat de ce côté du Mississippi ... la plus grande ferme en Californie » déclare Craig Elliot, copropriétaire d’Imperial Catfish. Plusieurs fois par semaine, des milliers de kilos de poissons de l’entreprise sont livrés à des épiceries asiatiques où la demande en poissons vivants reste très forte.
« En fait, nous ne pouvons pas vraiment produire assez de poissons pour satisfaire à la demande » explique le copropriétaire d’Imperial Fish.
Au fur et à mesure que la demande en produits halieutiques augmente à travers le monde, le nombre d’élevages de poissons se multiplie.
« C'est une industrie relativement jeune, mais son taux de croissance est d'environ 9 % par an et nous nous attendons à maintenir ce rythme durant les deux prochaines décennies » affirme Mike Velings, fondateur d’Aqua-Spark, une société qui investit dans des entreprises aquacoles durables. Si la Chine est le leader mondial dans la production de poissons d'élevage, l’industrie reste peu développée aux Etats-Unis.
Il faut dire, explique M. Elliott, que l'aquaculture n'est pas facile. On commence avec des alevins et il faut attendre entre 18 mois à 2 ans pour obtenir un poisson de taille commercialisable. Entre-temps, aucune rentrée d’argent, note-t-il.
Et puis les élevages de poissons ont mauvaise réputation, au plan environnemental.
L’écologiste Nathan Weaver évoque la pollution causée par les déchets des élevages de poissons, et les perturbations à la chaîne alimentaire naturelle.
« Un grand nombre des espèces que nous aimons manger sont des grands poissons prédateurs - comme le thon ou le saumon, qui sont déjà à deux ou trois niveaux dans la chaîne alimentaire. Donc, pour cultiver ces grands carnivores, vous devez les nourrir avec des poissons plus petits et le souci est que, pour maintenir un élevage de thon ou de saumon vous finirez par devoir attraper tous les petits poissons dans l'océan » explique M. Weaver.
Néanmoins, fait valoir le World Resources Institute (WRI), grâce à l’amélioration des politiques publiques, des technologies et grâce à certaines initiatives privées, les conditions d’élevage des poissons s’améliorent. Par exemple, la chaine américaine de supermarchés Whole Foods Market vend exclusivement des produits halieutiques provenant d’élevages respectueux de l'environnement, qui n'utilisent ni pesticides, ni antibiotiques, ni hormones de croissance.
Pour que l'aquaculture poursuive son essor, le WRI préconise des investissements dans les innovations technologiques telles que la sélection et le contrôle des maladies. Et puis, il faut privilégier l’élevage de poissons dont les régimes sont à base de plantes, ajoute-t-il, tels que le poisson-chat, le tilapia, ou barramundi, plutôt que les espèces carnivores.