Le chef du groupe djihadiste Etat islamique au Grand Sahara (EIGS), Adnan Abou Walid al-Sahraoui, a été tué par les forces françaises, a annoncé le président français Emmanuel Macron sur Twitter dans la nuit de mercredi à jeudi.
L'homme "circulait comme passager sur une moto qui a été frappée par un drone", précise le quotidien algérien El Watan. Un décès qualifié de "succès majeur" par le chef de l'État français. Lui emboîtant le pas, la ministre française des Armées Florence Parly a salué "un coup décisif".
Qui était réellement celui qu'on désignait comme le djihadiste le plus recherché au Sahel?
Ces déclarations ont leur raison d'être lorsqu'on sait que le groupe Etat Islamique au Grand Sahara, créé en 2015 par Adnan Abou Walid al-Sahraoui, ancien membre du Front Polisario, puis de la mouvance djihadiste Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI), est considéré comme l'auteur de la plupart des attaques dans la zone des trois frontières entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso.
Il avait été désigné comme "ennemi prioritaire" au Sahel, lors du sommet de Pau (sud-ouest de la France), en janvier 2020.
Qui est Adnan Abou Walid al-Sahraoui?
De son vrai nom, Leh-bib Ould Ali Said Ould Yumani, est né d’une riche famille commerçante à Laâyoune, au Sahara occidental. Jeune, il a fui vers les camps de réfugiés sahraouis en Algérie où il a été recruté par le Front Polisario qui lui assure une formation militaire.
Le reste de sa formation idéologique se fera à Nouakchott en Mauritanie puis à Tindouf en Algérie. Puis, il va intégrer une Katiba, ou unité combattante d’Al Qaida au Magreb Islamique.
Il est rapporté qu'en 2015, al-Sahraoui a déclaré son allégeance à Abu Bakr al-Baghdadi, chef de l'État islamique d'Irak et du Levant, et a formé l'État islamique du Grand Sahara, rapporte le site First Post.
En 2012, il fait déjà partie des cadres du Mujao, le mouvement pour l’Unicité de Dieu et le Jihad en Afrique de l’Ouest qui a occupé Gao, dans le nord malien.
Selon les médias, Al-Sahrawi aurait imposé la charia dans la région, rendant le voile obligatoire pour les femmes, imposant de couper les mains aux voleurs et interdisant la musique, les sports, l'alcool et le tabac.
Après l’opération française Serval en 2013 qui a dispersé les djihadistes au Mali, il fera un passage au sein du groupe des Mourabitounes du redoutable Moktar Bel Moktar alias le borgne.
Mohamed Ould Mataly, désormais député de Bourem, cité par First Post, aurait déclaré à The Africa Report en 2020, qu'Al-Sahraoui "était renfermé, concentré, ne parlant que pour de brèves interventions - de préférence en arabe, même s'il parle français".
Le même média écrit que d'autres personnes affirment qu'il était particulièrement vigilant, toujours armé et obsédé par sa sécurité. Il n'a jamais utilisé de téléphone et n'a jamais fait de vidéos ou d'enregistrements audio. La grande majorité de ses combattants ne l'ont jamais vu. Lorsqu'il devait voyager, il le faisait à moto, et sans escorte, pour ne pas attirer l'attention.
Toutes ces précautions n'ont vraisemblablement pas pu éviter sa mort.
Le djihadiste le plus recherché du Sahel
Sous son leadership, l'EIGS a commis des attaques particulièrement meurtrières, visant civils et militaires, au Mali, au Niger et au Burkina Faso. Il avait pris pour cible les soldats américains dans une attaque meurtrière en octobre 2017 à Tongo-Tongo au Niger.
Il a revendiqué la responsabilité de cette attaque qui a tué quatre militaires américains et quatre membres de l'armée nigérienne.
A Washington, où la mort des quatre soldats a été très mal accueillie, sa tête a été mise au prix de 5 millions de dollars.
Le 9 août 2020, le chef de l'EIGS aurait personnellement ordonné l’assassinat de six travailleurs humanitaires français et de leurs guide et chauffeur nigériens au Niger.
Lutte contre les jihadistes au Sahel
La mort d'Abou Walid al-Sahraoui s'inscrit dans la stratégie française de la lutte contre le djihadisme au Sahel. Une stratégie qui cible les chefs et les cadres des organisations jihadistes.
En juin et juillet, l'armée française a tué plusieurs cadres de haut rang de l'EIGS.
"Avec nos partenaires africains, européens et américains, nous poursuivrons ce combat", a ajouté Emmanuel Macron dans un autre tweet.