Les violences opposant des membres des communautés Somali et Oromo "ont provoqué de nombreuses victimes" et "suscitent l'inquiétude en particulier au regard de leur nature de plus en plus ethnique", selon un communiqué du service européen d'action extérieure, publié à Bruxelles.
L'UE appelle à l'ouverture "d'enquêtes indépendantes sur tous les actes de violences".
Jeudi 14 et vendredi 15 décembre, plusieurs dizaines de personnes ont été tuées dans la zone de l'Harargue Ouest, à proximité de la frontière entre les régions Oromia et Somali, théâtre de violences à caractère ethnique depuis plusieurs mois et qui ont fait plusieurs centaines de morts et des centaines de milliers de déplacés, selon les chiffres officiels.
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Dimanche, le porte-parole de l'Etat-région Oromia évoquait 61 morts dans ces affrontements, dans un message publié sur son compte Facebook personnel. Selon Addisu Arega Kitessa, des hommes armés ont attaqué, jeudi 14 décembre, des Oromos, dans les districts d'Hawi Gudina et Daro Lebu, tuant 29 personnes. Quelques heures plus tard, des proches des victimes auraient tué en représailles 32 Somalis vivant dans le voisinage.
Dans une lettre ouverte adressée notamment au Premier ministre et au Conseil de Sécurité des Nations-Unies, des notables somalis de l'Hararghe Ouest parlent, eux, de "200 personnes (tuées) lors de ce jour tragique", le 15 décembre et ils dénoncent une "campagne de nettoyage ethnique" menée, d'après eux, par les autorités de la région Oromia depuis 2004, "qui s'est progressivement intensifiée ces trois dernières années".
"La communauté Ethio-Somali (...) vit traditionnellement dans l'Harargue Ouest depuis des siècles (...). Plus de 90% d'entre-nous parlent l'Oromifa et pas la langue Somali", ont souligné les signataires.
Le Premier ministre Hailemariam a présenté dimanche dans une allocution télévisée ses condoléances pour ce qu'il a qualifié de "tuerie de masse".
Depuis septembre, les affrontements communautaires auraient entraîné le déplacement de centaines de milliers d'Oromos de la région somali et de Somalis de la région oromia.
Ces violences illustrent les tensions qui traversent le système de gouvernance éthiopien, dit de "fédéralisme ethnique".
Censé offrir un degré d'autonomie aux différentes communautés du pays - divisé depuis 1995 en neuf régions administratives -ses détracteurs disent qu'il contribue dangereusement à exacerber les sentiments d'appartenance et à "ethniciser" d'anciens différends fonciers dans le deuxième pays le plus peuplé d'Afrique (plus de 100 millions d'habitants).
Depuis plus de deux ans, l'Ethiopie est secouée par des protestations à caractère social, économique et politique, qui ont fait près d'un millier de morts selon la Commission éthiopienne des droits de l'Homme, et conduit le pouvoir à instaurer l'état d'urgence d'octobre 2016 à août 2017.
Avec AFP