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L'Ethiopie s'attaque au dopage et met l'athlétisme sous pression


Les Éthiopiens Yemane Tsegay, au centre, et Deribe Robi, à droite sont premier dans une course à Hopkinton, lors du marathon de Boston, le 18 avril 2016.
Les Éthiopiens Yemane Tsegay, au centre, et Deribe Robi, à droite sont premier dans une course à Hopkinton, lors du marathon de Boston, le 18 avril 2016.

Ébranlée par des suspicions de dopage parmi ses athlètes les plus en vue, l'Éthiopie a renforcé sa politique de contrôle et a commencé à appliquer des tests de dépistage après une mise en demeure de la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF).

Pour la première fois dans une compétition nationale, 35 athlètes ont subi un contrôle antidopage inopiné lors des championnats d'Éthiopie les 23 et 24 avril.

Cinq coureurs qui participaient aux championnats du monde de marche par équipe, le week-end dernier à Rome, ont également été testés avant leur départ, a indiqué à l'AFP un responsable de la fédération éthiopienne d'athlétisme.

"Le dopage est un problème global. Beaucoup de pays sont affectés (...) L'Éthiopie ne sera pas épargnée", a expliqué le secrétaire général de la fédération d'athlétisme, Bililign Mekoya, évoquant dans un entretien accordé à l'AFP le cas d'au moins six coureurs de fond éthiopiens suspectés d'avoir eu recours à des produits dopants et qui font actuellement l'objet d'une enquête.

L'affaire fait grand bruit dans un pays où les coureurs de fond des hauts plateaux sont adulés. L'identité des athlètes incriminés est tenue secrète. Tout juste sait-on que des "grands noms" de l'athlétisme éthiopien figureraient dans la liste.

Bililign Mekoya met en cause l'ignorance des athlètes éthiopiens qui peuvent prendre "sans le savoir" des médicaments interdits par l'IAAF.

"Il existe tellement de suppléments, de vitamines, de protéines: la plupart des athlètes ne font pas la différence entre ce qui relève du dopage ou pas, a-t-il justifié. Il faut les instruire".

Athlètes trompés?

Après des décennies de laxisme, la fédération éthiopienne dispense depuis quelques semaines des séminaires sur le dopage à destination des athlètes et de l'encadrement, à Addis Abeba et dans les centres de formation du pays.

L'Éthiopie veut faire preuve de sa bonne volonté alors qu'au Kenya voisin, l'athlétisme est aux prises avec de multiples scandales de dopage qui ont sérieusement entamé la réputation des coureurs kényans, les grands rivaux des athlètes éthiopiens sur le demi-fond et le fond.

La rumeur de cas de dopage touchant également les Éthiopiens s'amplifiait depuis la suspension au mois de février de la Suédoise d'origine éthiopienne Abeba Aregawi (championne du monde du 1.500 mètres en 2013) qui a été contrôlée positive lors d'une compétition à Addis Abeba en janvier.

L'IAAF a exigé de l'Éthiopie la mise en place de contrôles antidopage, jusqu'ici inexistants, d'ici au mois de novembre sous peine d'exclusion des compétitions internationales.

Soucieuse de ne pas voir ternies les performances de son exceptionnelle génération de coureurs de fond comme Kenenisa Bekele ou Genzebe Dibaba, les autorités éthiopiennes ont récemment signé une loi criminalisant le dopage. En plus de sanctions sportives internationales, les athlètes éthiopiens convaincus de dopage s'exposent à une peine d'emprisonnement.

Sur la piste du stade d'Addis Abeba, Tariku Bekele, frère de Kenenisa et médaillé olympique en 2012, pointe les faiblesses de jeunes athlètes qui peuvent être tentés de "prendre un raccourci pour obtenir des résultats".

"Des entraîneurs viennent de l'étranger et trompent les athlètes. Ils leur donnent des médicaments et prennent leur argent", témoigne-t-il. "Nous, les sportifs, devons prendre conscience de cela. Nous devons apprendre", ajoute t-il.

Avec AFP

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