Ce premier sacre international regonfle le moral des Portugais: il a plongé dans l'allégresse tout un pays, qui peine à remettre son économie à flots après des années de crise et s'est attiré des menaces de sanctions de la Commission européenne à cause de ses déficits.
Escorté par l'armée de l'air, l'avion "Eusebio" transportant la Selecçao s'est posé sur le sol portugais à 12H40 locales (11H40 GMT), passant sous un arc formé par deux jets d'eau rouge et vert, les couleurs du Portugal.
Sous les vivats de milliers de supporters, les premiers à sortir ont été la superstar Cristiano Ronaldo, aux côtés de Fernando Santos, brandissant ce trophée tant convoité.
"C'est un trophée pour tous les Portugais, tous les immigrés, tous les gens qui ont cru en nous", avait savouré CR7 après le match.
Acclamés aux cris de "Portugal! Portugal!", les hommes de Ronaldo ont pris place à bord de deux bus à impériale rouges, barrés du mot "Champions", pour se diriger vers le palais présidentiel, où le chef de l'Etat Marcelo Rebelo de Sousa leur décernera le titre de commandeur de l'ordre du mérite.
"On n'a pas beaucoup dormi. Cette victoire est la première, il fallait être là. C'est notre revanche après 2004", s'exclame Antonio Ribeiro de Magalhaes, un étudiant de 21 ans.
Douze ans après l'immense déception provoquée par sa défaite en finale de "son" Euro-2004, perdue à Lisbonne face à la Grèce, le Portugal a enfin remporté son premier titre international majeur.
Les supporters ont fêté ce triomphe historique bruyamment jusque tard dans la nuit dans les rues de Lisbonne et à travers le pays.
'Bouffée d'air pour le pays'
"Cette victoire c'est une bouffée d'air pour le pays. C'est un titre unique!", se réjouit Luis Cascalheiro, 56 ans, les traits tirés, arrivé à son bureau avec du retard, comme des milliers de Portugais.
Après leur réception au palais présidentiel de Belém, les joueurs de la Selecçao parcourront les principales artères de la capitale portugaise et s'adresseront à leurs supporters dans une fan zone installée au nord de la ville.
"Épique", "Éternels" et "Fierté du Portugal" titrait la presse sportive portugaise lundi, célébrant ses héros: Cristiano Ronaldo bien sûr, mais aussi Eder, le buteur de la finale, et le sélectionneur Fernando Santos.
Quelle ironie! Le Portugal a conquis son premier titre en ruinant les espoirs du pays organisateur, la France. C'est exactement ce qui lui était arrivé en finale de l'Euro-2004 lorsque la Grèce l'avait battu chez lui (1-0), à la surprise générale. Cette défaite fut un drame national. C'est oublié.
"CHAMPIONS! Vous êtes très grands! Félicitations!", a tweeté Luis Figo, star de la Selecçao en 2004. A ses côtés évoluait alors un jeune prodige de 19 ans qui avait terminé cette finale maudite en larmes.
Cristiano Ronaldo en a 31 aujourd'hui, est devenu une icône planétaire et a à nouveau pleuré de rage et de douleur dimanche, avant une issue finalement heureuse.
Blessé au genou gauche dès la 8e minute, il a dû quitter les siens sur une civière, en pleurs. Mais ce sont bien des larmes de joie qu'il a pu verser après le match grâce au but victorieux de son compatriote Eder en prolongation.
Scènes de liesse
Ce but a permis à Ronaldo de soulever le trophée lors de la cérémonie finale et déclenché des scènes de liesse à travers tout le Portugal.
Loin, très loin de cette joie, la France s'est réveillée amère lundi. Elle a manqué son quatrième titre après les Euros de 1984 et 2000 et le Mondial de 1998.
Le président de la République François Hollande recevra les Bleus à déjeuner à partir de 13h00. Certains joueurs auront sans doute la gorge serrée.
En marge de la finale, des incidents entre supporters et forces de l'ordre ont éclaté dans la nuit quand certains d'entre eux ont tenté d'entrer dans la fan zone parisienne, pleine à craquer, aux abords de la Tour Eiffel, qui reste fermée lundi au public.
Meurtrie par les attentats de 2015, plombée par la crise économique et un climat social toujours lourd, la France souhaitait ardemment vivre une parenthèse enchantée grâce à une victoire.
Mais les Bleus n'ont pas à rougir. Les hommes du sélectionneur Didier Deschamps ont été au-delà de l'objectif assigné avant le tournoi, les demi-finales. Ils ont peut-être joué à ce stade de la compétition leur vraie finale en battant les Allemands champions du monde (2-0) jeudi.
Avec AFP