L'accusé, qui avait assuré mardi "être prêt à mourir", proteste contre ses conditions de détention et accuse la Cour de ne pas lui accorder un procès équitable.
"Il n'a pas mangé depuis sept jours et il n'y a aucun signe qui permette de croire qu'il va recommencer à s'alimenter", a assuré son avocat, Stéphane Bourgon.
Bosco Ntaganda avait plaidé non-coupable de treize crimes de guerre et cinq crimes contre l'humanité, dont des meurtres, pillages, attaques contre des civils, viols et esclavage sexuel, commis par ses troupes en 2002-2003 en Ituri, dans le nord-est de la République démocratique du Congo (RDC).
Il n'existe que peu de précédents pour ce genre de situation devant les tribunaux internationaux. Exaspéré, le juge Robert Fremr a prévenu la défense que sa patience était "presque à bout" et estimé que le comportement de l'accusé était inacceptable.
Dans une longue déclaration lue la veille par son avocat, l'ancien chef rebelle avait assuré ne "plus avoir aucun espoir" de voir ses enfants "dans des conditions normales".
Cette déclaration intervient alors que les juges ont refusé la semaine dernière de lever les restrictions imposées sur ses contacts avec l'extérieur, après des inquiétudes au sujet d'intimidations présumées de témoins. Les juges ont néanmoins répété mercredi que rien dans ces conditions de détention n'empêchait les visites familiales.
"Je ne pense pas avoir devant moi un homme qui ne peut réfléchir, j'ai le sentiment d'avoir devant moi un homme émotionnellement perturbé", a ajouté son avocat.
La Cour a ordonné que le procès se poursuive en son absence, malgré le fait que l'accusé ait ordonné à son équipe de défense d'arrêter de le représenter en son absence.
"Allons-nous le sortir de force de sa chaise" et l'obliger à assister aux audiences, s'est interrogé M. Bourgon, avant d'ajouter: "que se passera-t-il la semaine prochaine quand M. Ntaganda tombera inanimé? Nous continuerons le procès pendant qu'il est inconscient dans son lit?".
Bosco Ntaganda, souvent surnommé "Terminator", aurait joué avec ses troupes des Forces patriotiques pour la libération du Congo (FPLC) un rôle central dans les violences ethniques et attaques menées contre les civils en Ituri.
Général dans l'armée congolaise de 2007 à 2012, il était le fugitif le plus recherché dans la région des Grands Lacs jusqu'à ce qu'il se rende, de manière inopinée, à l'ambassade américaine de Kigali, au Rwanda, en mars 2013, pour demander son transfert à la CPI.
Avec AFP