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Amnesty dénonce le secret persistant du "champion" chinois en terme d'exécutions


Plus de 99,9% des prévenus présentés devant les tribunaux chinois sont reconnus coupables, selon les chiffres officiels. 
Plus de 99,9% des prévenus présentés devant les tribunaux chinois sont reconnus coupables, selon les chiffres officiels. 

La Chine a de nouveau exécuté l'an dernier plus de condamnés à mort que les autres pays réunis, alors même que les exécutions reculaient dans le reste du monde, affirme Amnesty International, dénonçant le "secret d'Etat" imposé par Pékin sur la peine capitale.

Dans son rapport annuel sur la peine de mort, publié mardi, l'association de défense des droits de l'homme chiffre à au moins 1.032 le nombre d'exécutions dans le monde en 2016, en dehors de la Chine, soit un repli de 37% par rapport au chiffre de 2015.

Un recul dû à des chutes drastiques de l'application de la peine capitale en Iran (baisse de 42%, avec 567 exécutions recensées) et au Pakistan (87 exécutions, recul de 73%).

Et ce tandis que l'application de la peine de mort aux Etats-Unis atteignait un plus bas historique, avec 20 personnes exécutées, soit cinq fois moins qu'en 1999.

Mais ces données ne prennent pas en compte la Chine, où le nombre d'exécutions reste classé secret d'Etat: or, le géant asiatique continue de mettre à mort "des milliers de personnes" chaque année, davantage que tous les autres pays réunis, estime Amnesty.

L'ONG a identifié "des centaines de cas" de condamnations à mort non répertoriées dans une base de données nationale en ligne que Pékin avait lancée comme gage de sa "transparence".

'Secret absolu'

Ainsi, sur 931 exécutions annoncées publiquement entre 2014 et 2016 --soit "seulement une fraction du nombre total d'exécutions"-- seules 85 étaient mentionnées dans cette base de données, où de nombreuses condamnations pour "terrorisme" ou crimes liés à la drogue ne figurent pas.

L'ONG fustige le classement comme secret d'Etat de "la plupart des informations" sur la peine capitale, en raison d'une définition juridiquement très vague.

"La Chine est vraiment le seul pays qui observe un tel régime de secret absolu autour des exécutions", a dénoncé le directeur d'Amnesty pour l'Asie orientale, Nicholas Bequelin, lors d'une conférence de presse à Hong Kong.

"La raison en est probablement que les chiffres sont très élevés et que la Chine ne veut pas faire figure d'exception", a-t-il insisté.

Erreurs judiciaires

De son côté, Pékin met en avant la réduction de la liste des crimes passibles de la peine de mort, désormais ramenés à une quarantaine.

Une réforme de 2007 exigeant l'approbation de la Cour suprême chinoise pour toutes les sentences capitales a également entraîné un recul des exécutions, selon certaines organisations.

Duihua, une autre ONG de défense des droits de l'homme, estime à "approximativement 2.000" le nombre d'exécutions en Chine en 2016, contre 2.400 trois ans auparavant.

Pour sa part, Human Rights Watch avait estimé en 2014 que le nombre des exécutions dans le pays "était tombé sous le seuil de 4.000 (par an) ces dernières années", contre 10.000 une décennie auparavant.

Par ailleurs, "le risque d'être exécuté pour un crime que l'on n'a pas commis soulève une inquiétude croissante dans l'opinion publique", mettant la pression sur les autorités, a observé Amnesty mardi.

Dans un cas emblématique qui avait provoqué l'émoi de tout le pays, la Cour suprême chinoise a ainsi innocenté en décembre un jeune homme exécuté 21 ans plus tôt pour meurtre et viol, crimes qu'un tueur en série avait finalement avoués une décennie plus tard.

Le président de la Cour suprême Zhou Qiang avait lui même déploré en 2015 "des jugements non-équitables ayant été rendus dans certains cas" et assuré que les "erreurs" devaient être corrigées.

Sans convaincre les observateurs: "Les aveux forcés ne sont théoriquement pas recevables comme preuves. Mais en pratique, la police a toute latitude pour arracher des aveux forcés en arrêtant et en torturant des suspects sur de longues durées", indique à l'AFP Jerome Cohen, expert du système judiciaire chinois à l'Université de New York.

Avec AFP

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