Devant les députés, il s'est engagé à susciter un débat avec ses partenaires européens sur la prise en compte du risque de torture dans les décisions de renvoi des étrangers en situation irrégulière non éligibles à l'asile.
"C'est un engagement que je prends, je vais entreprendre des initiatives au niveau européen pour forcer le débat sur ce sujet, ça me semble fondamental pour l'avenir", a lancé Charles Michel.
La coalition de centre droit qu'il conduit, au pouvoir depuis 2014, est dans la tourmente depuis qu'une ONG spécialisée sur le Moyen-Orient, le Tahrir Institute for Middle East Policy, a révélé, fin décembre, que plusieurs Soudanais expulsés de Belgique à l'automne ont été victimes de "torture" à leur retour.
Dans la ligne de mire de l'opposition figure le secrétaire d'Etat à l'Asile et à la Migration, Theo Francken, issu de la N-VA (nationalistes flamands), qui avait invité en septembre sur le sol belge trois hauts fonctionnaires du régime de Khartoum pour identifier les Soudanais voués à être expulsés car non éligibles à l'asile en Belgique.
Une dizaine d'expulsions ont été effectuées depuis la visite de cette "mission d'identification", et c'est parmi ces expulsés qu'ont été recensés les victimes de mauvais traitements. Les renvois vers ce pays depuis la Belgique sont désormais suspendus.
Les quatre partis de la coalition ont décidé de faire bloc derrière Theo Francken, dont l'opposition demande la démission en accusant le Premier ministre d'être l'"otage de la N-VA".
Jeudi, Charles Michel n'a pas réagi à la flopée de critiques contre son secrétaire d'Etat. Il s'est contenté d'appeler à "une communication nuancée" sur la politique migratoire, alors que M. Francken est coutumier des prises de position clivantes sur Twitter.
De son côté, Theo Francken s'est défendu dans les médias d'être de le "Trump flamand", ainsi que l'a dépeint le quotidien américain New York Times.
Devant les députés, le Premier ministre a aussi souhaité un débat au niveau de l'UE sur l'article 3 de la convention européenne des droits de l'Homme, stipulant que "nul ne peut être soumis à la torture ni à des peines ou traitements inhumains ou dégradants".
Des avocats brandissant cet article pour s'opposer à des expulsions de Soudanais ont eu plusieurs fois gain de cause récemment devant la justice belge.
Il s'agit, a expliqué Charles Michel, de savoir comment les autres pays européens en tiennent compte dans leur politique migratoire.
Avec AFP.