A l'aéroport, il a répété vouloir "tout faire pour que le Conseil de sécurité puisse approuver le renforcement de la mission des Nations unies" en Centrafrique (Minusca) et "tout faire pour augmenter son efficacité et sa capacité sur le terrain".
Vendredi, les députés centrafricains ont demandé que la Minusca se mobilise davantage pour protéger les civils contre les groupes armés, qui contrôlent quatorze des seize préfectures du pays, selon les observateurs. Le président de l'Assemblée nationale, Abdoul Karim Meckassoua, a attend des "actes" après les "paroles" de M. Guterres.
"Quel est donc le mandat de cette force ? Ne peut-on pas faire plus ou mieux ?", a-t-il demandé.
Accusés par leurs détracteurs de "passivité" et parfois même de "collusion" face aux groupes armés, les contingents onusiens font aussi face à une avalanche d'accusations d'agressions sexuelles. En juin, un bataillon de plus de 600 soldats du Congo-Brazzaville avait été renvoyé chez lui après des accusations d'agressions sexuelles et divers trafics. En 2016, 120 Casques bleus de la même nationalité avaient déjà été renvoyés pour les mêmes motifs.
L'ancien Premier ministre, Anicet-Georges Dologuélé, a exhorté la Minusca à reproduire les opérations militaires coup de poing telles que celles de Bambari (avril) et Bocaranga (octobre), qui ont pu chasser les milices hors de ces villes.
Rappelant que la mission devrait être à terme remplacée par les Forces armées centrafricaines (FACA), M. Guterres a promis à la tribune de l'Assemblée d'"accélérer le processus de renforcement et de redéploiement des FACA en étroite coopération avec la Minusca".
Mardi, le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra avait déclaré que les premières forces formées par l'Union européenne seraient déployées d'ici à trois mois - et ce, malgré un embargo sur l'acquisition d'armes imposé par l'ONU depuis 2013.
- 'Des choses à améliorer' -
Pays extrêmement pauvre mais riche en minerais, la Centrafrique est embourbée dans un conflit depuis le renversement en 2013 du président François Bozizé par la coalition promusulmane de l'ex-Séléka, entraînant une contre-offensive des milices prochrétiens autoproclamées d'"autodéfense" des antibalaka (antimachettes).
L'ONU a lancé une mission de maintien de la paix en avril 2014, et les tentatives ont été nombreuses pour sortir le pays de la crise: intervention de la France (Sangaris, 2013-2016), des Nations unies, avalanches de sommets et forums, médiations internationales...
L'élection démocratique en 2016 du président Touadéra, (soutenu par l'ONU et la France) avait suscité une vague d'espoir mais n'a pas réussi jusqu'à présent à restaurer l'autorité de l'Etat.
La Minusca, qui peine à rétablir l'ordre, a perdu 12 soldats depuis début 2017. "Il y a certainement des choses à améliorer... mais soyons justes, voyez le sacrifice d'un si grand nombre soldats", a lancé le secrétaire général aux députés centrafricains vendredi matin, répondant à leurs critiques.
Sur le plan humanitaire, M. Guterres a promis de "faire un plaidoyer pour augmenter l'aide humanitaire qui malheureusement reste déficitaire d'une façon tragique". Fin octobre, seulement 30% des financements humanitaires demandés avaient été versés.
Le patron de l'ONU a enfin déclaré - avant de s'envoler pour Yaoundé, où il rencontra le président Biya quelques heures - que le pays n'était "pas face à une situation de génocide", alors qu'un haut responsable onusien avait déclaré fin août qu'il existait des "signes avant-coureurs de génocide" dans le pays, suscitant d'intenses débats et réactions.
Mercredi, M. Guterres avait visité Bangassou, à 700 km à l'est de Bangui, au coeur d'un région théâtre de meurtiers affrontements ces dernières semaines.
Les 35.000 habitants de cette ville à majorité chrétienne et frontalière de la RD Congo, vivent depuis mai sous le joug des miliciens antibalaka, prétendant défendre la minorité chrétienne contre les groupes armés peuls et musulmans.
Arrivé mardi, pour sa première visite à une mission de paix de l'ONU depuis sa prise de fonctions en janvier, M. Guterres a plaidé à plusieurs reprises pour un renforcement de 900 Casques bleus de la Minusca, déjà forte de plus de 12.500 hommes.
Cette demande doit encore être actée par le Conseil de sécurité, qui renouvelle mi-novembre le mandat de la mission.
Avec AFP