Les ambitions présidentielles de l'ex-Premier ministre conservateur ont du plomb dans l'aile depuis des révélations de presse selon lesquelles Penelope Fillon aurait perçu plus de 800.000 euros bruts entre 1988 et 2013, pour un emploi présumé fictif d'attachée parlementaire.
M. Fillon a également employé deux de ses enfants, qui ont touché 84.000 euros brut entre 2005 et 2007.
"En travaillant avec ma femme et mes enfants, j'ai privilégié cette collaboration de confiance qui aujourd'hui suscite la défiance. C'était une erreur, je le regrette profondément, et je présente mes excuses aux Français", a déclaré lundi François Fillon lors d'une conférence de presse, tout en se défendant d'avoir violé la loi.
"Tous les faits évoqués sont légaux et transparents", a répété l'ancien favori des sondages, sous forte pression pour redorer son image à moins de trois mois du premier tour du scrutin le 23 avril.
"Mon épouse a travaillé" et sa rémunération moyenne de 3.677 euros nets mensuels était "parfaitement justifiée", a assuré François Fillon, alors que la justice française a ouvert une enquête pour vérifier la réalité des emplois parlementaires de la famille du candidat.
"Je suis honnête. Cette accusation m'est tombée dessus comme un coup de tonnerre", a-t-il affirmé, en dénonçant "un lynchage médiatique" et accusant de nouveau ses adversaires politiques de gauche d'être à l'origine des révélations le visant.
Après avoir chuté dans les sondages à la suite du scandale et face aux doutes de son propre camp, François Fillon s'est aussi montré combatif: "c'est une nouvelle campagne qui commence", a-t-il promis.
Convaincre son camp
Il a répété vouloir aller jusqu'au bout et balayé la perspective d'un plan B à droite. Alors que le nom de l'ancien Premier ministre Alain Juppé circulait pour le remplacer, ce dernier avait déjà lui-même "clairement et définitivement" écarté cette hypothèse lundi.
En plus de l'opinion publique, François Fillon doit convaincre son propre camp au moment où la droite, donnée gagnante à la présidentielle jusqu'à cette affaire, est maintenant confrontée à la perspective d'une élimination dès le premier tour.
François Fillon "s'adresse à son propre camp: vous pouvez faire ce que vous voulez, dire ce qui vous chante (...) je reste. Vous n'avez pas de plan alternatif (...) Raisonnement cynique mais efficace", commente le quotidien Libération (gauche) dans son édition de mardi.
Selon un sondage publié samedi, son candidat se classe désormais troisième avec 18% à 20% des intentions de vote, derrière la candidate d'extrême droite Marine Le Pen (25%) et le centriste et ex-ministre de l'Economie Emmanuel Macron (21% à 22%), qui a le vent en poupe.
Une autre enquête indique que 68% des Français ne souhaitent pas que François Fillon maintienne sa candidature à la présidentielle.
En pleine contre-attaque, l'homme politique a encore essuyé deux coups durs lundi.
Pendant sa conférence de presse, le candidat conservateur a donné sa version des propos de Penelope Fillon dans un entretien à un journal britannique datant de 2007, récemment exhumé par une émission de télévision française, dans lequel elle affirme n'avoir "jamais été l'assistante" de son mari.
"Elle n'a jamais été ma subordonnée" mais une "compagne de travail", a expliqué François Fillon, en assurant que la journaliste britannique qui avait réalisé cet entretien "s'est manifestée personnellement auprès de mon épouse pour lui dire à quel point elle était choquée par l'utilisation qui avait été faite des morceaux de cette interview".
"Non M. #Fillon ! Les propos d'Envoyé Special (magazine télévisé français, ndlr) n'ont pas été sortis de leur contexte. Le reportage ne m'a pas choquée. SVP. Cessez de m'attribuer ces propos faux", a rétorqué lundi soir l'intéressée, Kim Willsher, sur Twitter.
Le même jour, le quotidien Le Monde a dévoilé de nouveaux éléments d'enquête embarrassants. Les policiers s'interrogent notamment sur les circonstances de l'élévation à la dignité de grand-croix de la Légion d'honneur - la plus haute décoration française - d'un homme d'affaires qui a par ailleurs salarié Penelope Fillon dans une revue.
Le patron en question, Marc Ladreit de Lacharrière, a réaffirmé lundi à l'AFP que l'emploi de Mme Fillon, entre mai 2012 et décembre 2013 pour une rémunération brute d'environ 100.000 euros, n'avait "rien de fictif".
Avec AFP