Un Français de 25 ans, Larossi Abballa, a poignardé un policier en civil devant son domicile à Magnanville, à l'ouest de Paris, lundi vers 19H00 GMT avant de se retrancher à l'intérieur du pavillon.
Il a été tué dans l'assaut de policiers d'élite après avoir égorgé la compagne de sa victime. Leur petit garçon de trois ans, qui se trouvait dans la maison, est très choqué mais indemne.
Il s'agit de la première attaque revendiquée par l'EI depuis les attentats de novembre dernier à Paris (130 morts) et deux jours après le carnage dans un club gay d'Orlando (49 morts) également revendiqué par l'organisation jihadiste, aussi sur le mode du "loup solitaire".
"Un cap dans l'horreur a été franchi", a commenté le Premier ministre Manuels Valls, parce que, cette fois, "c'est le domicile, l'intimité même d'une famille (...) qui ont été prises pour cible."
Avant d'être abattu, l'assaillant a déclaré aux forces d'élite qu'il avait prêté allégeance à l'EI trois semaines plus tôt et qu'il connaissait la qualité de policier de sa victime, a précisé le procureur de Paris, François Molins.
Outre deux tweets de revendication, il a posté sur Facebook, depuis le domicile de ses victimes, une vidéo de 12 minutes, dans laquelle il menace la France d'autres actions pendant l'Euro-2016, qui a débuté vendredi et se terminera le 10 juillet.
- 'D'autres surprises' -
"On vous réserve d'autres surprises, pour l'Euro, je ne vous en dis pas plus. L'Euro sera un cimetière", déclare-t-il, en appelant aussi à des meurtres ciblés contre des policiers, des surveillants de prison, des journalistes et des élus.
Près de 90.000 policiers, gendarmes et agents de sécurité ont été déployés pour assurer la sécurité de la compétition, à laquelle huit millions de spectateurs, dont deux millions d'étrangers, doivent assister.
Après leur intervention, les policiers ont retrouvé dans le pavillon "une liste de cibles mentionnant des personnalités ou des professions (rappeurs, journalistes, policiers) ou des personnalités publiques", selon François Molins.
Quelques heures plus tard, l'EI a revendiqué le double assassinat via son agence de presse.
Larossi Abballa, originaire de la ville populaire de Mantes-la-Jolie à l'ouest de Paris, gravitait depuis des années dans la mouvance islamiste radicale.
En 2011, il avait été arrêté pour participation à une filière qui souhaitait envoyer de jeunes volontaires pour le djihad armé au Pakistan. "J'ai soif de sang. Allah m'en est témoin", avait-il déclaré peu avant sur un téléphone placé sur écoutes.
Après plus de deux ans derrière les barreaux, où il s'était distingué par son prosélytisme, il avait été remis en liberté en 2013.
Depuis le début 2016, il était visé dans une nouvelle enquête sur une filière djihadiste syrienne.
Dans ce cadre, des "interceptions et géolocalisations" avaient été mises en place "sur plusieurs lignes téléphoniques", a précisé le procureur Molins. Mais elles n'avaient pas permis de déceler "la préparation et un passage à l'acte violent".
L'opposition de droite et d'extrême droite s'est immédiatement saisie du passé du tueur pour demander des comptes au gouvernement socialiste. L'ancien président Nicolas Sarkozy a réclamé à l'exécutif d'adapter "sans délai le niveau de vigilance". Un de ses proches a réclamé la mise en place de "centres de rétention" pour les personnes radicalisées.
Il faut "refuser toute tentation de recourir aux aventures extrajudiciaires", a rétorqué Manuel Valls, assurant que des mesures avaient été prises pour la protection des policiers.
Le ministre français de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a rencontré mardi les collègues "traumatisés" des victimes, Jean-Baptiste Salvaing, un commandant de police de 42 ans et sa compagne, Jessica Schneider, une secrétaire administrative dans un commissariat, âgée de 36 ans.
Il leur a promis de "mettre hors d'état de nuire d'éventuels complices". Trois connaissances présumées d'Abballa ont été arrêtées mardi, selon une source policière.
Selon les syndicats policiers, le ministre va prolonger au-delà de l'état d'urgence (en vigueur jusqu'au 26 juillet) l'autorisation pour les policiers d'être armés en permanence, y compris hors service et sur la base du volontariat.
Mardi après-midi, une jeune femme de 19 ans été blessée grièvement de trois coups de couteau mardi après-midi à Rennes (ouest) par un homme aux lourds antécédents psychiatriques, disant obéir à des voix lui ayant ordonné de faire un "sacrifice" pour le ramadan.
Avec AFP