Le pape François avait adressé des messages de soutien à la France à la suite de ce meurtre à Saint-Etienne-du-Rouvray en Normandie, le 26 juillet, et de l'attentat très meurtrier (85 morts) à Nice le 14 juillet, jour de la fête nationale.
Il est "très important que je vienne dire au pape combien nous étions sensibles aux paroles qui ont été prononcées et à l'action qui a été la sienne et qui conforte notre vision de l'humanité", a déclaré M. Hollande, peu avant de se rendre au Vatican pour un entretien avec Jorge Bergoglio, qui avait eu "des paroles très réconfortantes" après ces violences.
Le chef de l'Etat français, accompagné du ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, avait fait halte au coeur de la capitale italienne à l'église de Saint-Louis des Français, bâtie par les rois de France et toujours administrée par la France.
Il est allé se recueillir quelques instants dans une chapelle dédiée aux victimes du terrorisme, non loin des Caravage qui font la célébrité de cette église baroque.
Cette audience privée au Vatican - la deuxième depuis l'élection de M. Hollande, qui se dit athée, en mai 2012 - avait été annoncée lundi, au moment où les catholiques célébraient l'Assomption. Au sanctuaire de Lourdes (sud-ouest de la France), le traditionnel pèlerinage du 15 août avait été placé sous très haute sécurité en raison de la menace terroriste.
Le 26 juillet, quelques heures après l'assassinat du père Jacques Hamel, le président socialiste avait appelé au téléphone le pape pour lui promettre que "tout sera(it) fait" pour protéger les églises. Il avait souligné que "lorsqu'un prêtre est attaqué, c'est toute la France qui est meurtrie".
"La République profanée"
Mercredi, M. Hollande a fait des déclarations similaires, soulignant que quand "une église est touchée, un prêtre est assassiné, c'est la République (française) qui est profanée".
La laïcité à la française, parfois mal comprise à l'étranger et au Vatican en particulier, est aussi là pour "protéger les cultes", a-t-il insisté.
"Ce message de la laïcité n'est pas un message qui peut blesser, mais un message qui peut réunir et rassembler", a ajouté le président français.
Le lendemain de l'attentat, M. Hollande s'était rendu à la cathédrale Notre-Dame de Paris pour assister à une messe solennelle en hommage au père Hamel.
Les autorités françaises ont su gré aux responsables religieux d'avoir tout fait, notamment par des manifestations de fraternité dans des églises ou des mosquées, pour apaiser les tensions inter-religieuses dans un pays marqué par des siècles de catholicisme et qui compte plusieurs millions de musulmans.
L'entretien entre M. Hollande et le pape, qui a pris fin vers 17H30 (15H30), a duré une quarantaine de minutes.
Devant la presse, le président français a précisé qu'il comptait évoquer avec le pape la situation des chrétiens d'Orient, dont les deux hommes s'étaient déjà entretenus au téléphone le 26 juillet.
M. Hollande a évoqué jeudi les "souffrances" endurées par ces chrétiens notamment en Irak et en Syrie. Il a relevé "combien ils sont indispensables parce qu'ils contribuent précisément à l'équilibre" de la région.
La présidence française espère aussi à l'occasion de cette visite tourner la page des crispations observées pendant les premières années du quinquennat de François Hollande, quand l'adoption en 2013 de la loi ouvrant le mariage et l'adoption aux homosexuels s'était heurtée à l'opposition de l'Eglise catholique.
Et le Saint-Siège avait refusé d'accréditer en 2015 un ambassadeur proposé par la France, Laurent Stefanini, catholique pratiquant et homosexuel. Après un an de vacance de ce poste, un autre diplomate, Philippe Zeller, a finalement pris ses fonctions en juin dernier.
Avec AFP