Une fusée Ariane 5 doit être tirée depuis Kourou, en Guyane française, pour mettre en orbite les satellites 23 à 26 de cette constellation qui vise notamment à rendre l'Europe autonome par rapport au GPS américain.
Placé sous contrôle civil, cet ambitieux programme européen, dont les premiers services ont démarré en décembre 2016, offre une précision de géolocalisation de l'ordre du mètre. Il est interopérable avec les systèmes de navigation américain (GPS) et russe (Glonass).
Si tout se passe bien, le tir de mercredi "marquera la fin d'un cycle démarré en 2011", déclare à l'AFP Stéphane Israël, président d'Arianespace, société de services de lancement. A cette date, "nous aurons lancé les 26 premiers satellites avec une régularité de métronome", d'abord avec des fusées russes Soyouz puis avec des Ariane 5.
Le déploiement a toutefois connu un problème en 2014, avec deux satellites expédiés sur une mauvaise orbite par un Soyouz. Leur position ayant été rectifiée, ils restent sur une orbite "dégradée". Mais ils sont utiles à la constellation, selon l'Agence spatiale européenne (ESA).
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Galileo a aussi été confronté à un mauvais fonctionnement de certaines des horloges atomiques embarquées sur les satellites. La cause a été identifiée et des mesures ont été prises pour éviter que le service de navigation ne soit affecté, selon l'ESA.
C'est la dernière fois qu'il revient à Ariane 5 de placer sur orbite des satellites Galileo. Ensuite, ce sera à la future Ariane 6 "de prendre le relais à partir de fin 2020", note le patron d'Arianespace.
Après le lancement de mercredi, il restera encore 4 satellites à déployer jusqu'en 2021 pour arriver aux 30 de la constellation au complet (24 opérationnels et 6 de remplacement pour ce qui est de la première génération de satellites).
"Accélération formidable"
Pour célébrer la montée en puissance de Galileo, plusieurs responsables seront à Kourou pour assister à ce 99e vol d'Ariane 5 mercredi matin, notamment la commissaire européenne Elzbieta Bienkowska, la ministre française de la Recherche Frédérique Vidal, son homologue espagnol Pedro Duque, ancien astronaute.
Initié en 1999, le programme Galileo a connu des débuts très compliqués. Les retards se sont enchaînés, les coûts ont très fortement augmenté, atteignant environ 10 milliards d'euros. C'est désormais la Commission européenne qui finance le programme et le dirige.
Si Galileo a été fortement critiqué, les tensions entre les Etats-Unis et l'Europe semblent donner raison à ceux qui ont voulu il y a vingt ans rendre l'Europe indépendante du GPS.
"Dans le contexte géopolitique que nous connaissons, personne ne peut douter qu'il est important que l'Europe ait une autonomie de moyens lui permettant d'assurer des services de navigation par satellite", souligne Stéphane Israël.
"L'actualité montre à quel point Galileo est une bonne idée", relève Jean-Yves Le Gall, président de l'agence spatiale française CNES.
A ses yeux, "Galileo est en train de devenir un grand succès car sa précision est bien supérieure" à celle du GPS et il offre en plus la datation du signal.
Le patron du CNES note une "accélération formidable du nombre d'utilisateurs" de Galileo dans le monde depuis le lancement des premiers services. Galileo est désormais accessible sur les derniers modèles de smartphones, notamment ceux d'Apple et de Samsung.
En février, le nombre d'utilisateurs était estimé à près de 100 millions. En juin, Jean-Yves Le Gall évoquait "200 millions d'utilisateurs" et il "pense" qu'on est désormais proche "des 300 millions".
Preuve indirecte du succès de Galileo, celui-ci fait l'objet de vives discussions entre le Royaume-Uni et la Commission européenne dans le cadre de la préparation du Brexit. Le livre blanc du gouvernement de Theresa May demande à "continuer" à participer au programme Galileo, notamment pour des raisons de sécurité.
Avec AFP