"Vous voulez voir à l'intérieur ?" Sa liberté de mouvement à peine retrouvée, Fulbert Mayombo Mbenbjangoye, un responsable de l'opposition, conduit vendredi soir les journalistes vers l'immeuble d'habitation de plusieurs étages sous l'oeil des gendarmes, qui l'ont retenu pendant 36 heures après l'assaut, avec 25 autres personnalités politiques et civiles gabonaises.
Au deuxième étage, au sol parmi les débris, sous une affiche du rival d'Ali Bongo promettant "Un Gabon à l'abri de la peur et du besoin", une immense trace rouge de sang séché.
"C'est un garçon d'environ 25 ans qu'ils ont tiré par la fenêtre. Le cadavre est resté jusqu'à 14 heures (jeudi)", c'est-à-dire de nombreuses heures après l'assaut lancé dans la nuit de mercredi à jeudi, après la proclamation de la victoire d'Al Bongo à la présidentielle qui a embrasé Libreville et le Gabon.
"Ils nous ont demandé de ramper, ils ont tout cassé, ils ont pris nos ordinateurs", reprend le responsable politique en montrant une porte fracassée d'une petite pièce dont les fenêtres portent la trace de plusieurs impacts.
"Voilà la balle qui devait me tuer. Heureusement que je me suis courbé", raconte M. Mayombo, président d'un petit parti membre du Front uni d'opposition.
"Je ne suis pas un militaire mais c'était des détonations de guerre. En 56 ans au Gabon, je n'ai jamais vu cela", poursuit-il encore sous le choc d'un assaut mené par des hommes en civil, assure-t-il, alors que plusieurs centaines de personnes se trouvaient dans l'immeuble et alentour.
L'attaque a fait plus de deux morts, le chiffre donné par M. Ping, selon le quinquagénaire, à l'unisson de plusieurs opposants: "Environ une vingtaine. En tous cas on fait des enquêtes".
Après l'assaut, il a été retenu avec d'autres personnalités politiques et civiles dans la cour du bâtiment, sous surveillance policière.
Avec AFP