Un gendarme a été tué dimanche par "des sécessionnistes" dans le département du Dian (sud-ouest), a affirmé à l'AFP un officiel sous couvert d'anonymat, confirmant une information relayée sur les réseaux sociaux.
"Certaines informations font état d'autres gendarmes tués, mais nous sommes encore en train de recouper", a ajouté la source, sans précision sur les circonstances dans lesquelles le premier gendarme a trouvé la mort.
"Ce lundi, les séparatistes exercent des violences pour sortir des enfants de l'école. Bref, la situation est extrêmement tendue là-bas", a rapporté l'officiel.
Selon plusieurs témoins joints dans la région, un vent de panique a soufflé sur plusieurs établissements scolaires notamment à Muyuka, Buea (chef-lieu du sud-ouest) et Tiko.
"Nous sommes entrain de quitter le campus parce qu'il se dit en ville que les séparatistes sont présents dans un quartier", a confié un étudiant de l'Université de Buea. "Je suis en chemin pour prendre mes enfants à l'école", a indiqué un fonctionnaire basé à Kumba.
Sur les réseaux sociaux, les séparatistes ont multiplié ces derniers jours des appels à observer lundi une journée ville morte dans toutes les villes anglophones.
Ils ont également demandé à leurs partisans d'initier d'autres actions pour protester contre l'arrestation au Nigeria de leurs leaders.
Selon l'avocat de dix séparatistes anglophones camerounais - dont Sisiku Ayuk Tabe, président autoproclamé du mouvement séparatiste anglophone au Cameroun -, ceux-ci sont détenus "illégalement" au Nigeria depuis plusieurs jours.
Un responsable des services de renseignement nigérians a démenti le 7 janvier cette affirmation, ce qui n'a pas empêché les rumeurs de se propager sur le sort du dirigeant séparatiste.
La minorité anglophone du pays - environ 20% des 23 millions d'habitants - proteste contre sa marginalisation depuis plus d'un an. Si certains anglophones exigent le retour au fédéralisme, une minorité réclame la partition du Cameroun. Deux scénarios que refuse catégoriquement Yaoundé.
A mesure que le président Paul Biya et les autorités camerounaises ont accru la pression sécuritaire et la répression des manifestations séparatistes, les rangs des sécessionnistes se sont étoffés ces derniers mois, en même temps que se sont multipliés les incidents violents, faisant craindre, selon observateurs et analystes, à l'émergence d'une "insurrection armée" dans la région.
Avec AFP