Sisiku Ayuk Tabe, président du mouvement séparatiste anglophone au Cameroun, ainsi que neuf de ses partisans, ont été arrêtés pendant une réunion la semaine précédente dans la capitale nigériane, Abuja, selon l'avocat, Femi Falana.
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"Des agents du Service de la sécurité d'État ont fait irruption dans l'établissement, se sont emparé de nos clients et les ont emmené vers une destination inconnue", a assuré Femi Falana.
Un responsable des services de renseignement nigérians a démenti dimanche cette affirmation, ce qui n'a pas empêché les rumeurs de se propager sur le sort du dirigeant séparatiste.
"Je ne sais pas si on peut appeler cela une arrestation ou une convocation pour un entretien. Une enquête est en cours", a affirmé mercredi le ministre nigérian des Affaires étrangères, Geoffrey Onyeama, à l'issue d'un Conseil des ministres.
L'avocat Femi Falana réclame que ses clients soient libérés de leur "détention illégale" ou inculpés dans un délai de 48 heures, menaçant d'engager des procédures judiciaires si ce n'était pas le cas.
Les personnes arrêtées n'ont pu entrer en contact avec leur famille ou leurs avocats, a-t-il souligné, affirmant que les autorités camerounaises avaient demandé à Abuja de lui remettre les détenus.
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"Nos clients ne sont pas des immigrés clandestins au Nigeria: plusieurs d'entre eux se sont vu accorder l'asile politique, d'autres ont un statut de résident au Nigeria", a-t-il poursuivi.
Sisiku Ayuk Tabe milite pour les deux régions anglophones du Cameroun se séparent de la partie francophone du pays. Le 1er octobre 2017, le mouvement avait publié un déclaration symbolique d'indépendance de l'Ambazonie.
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A mesure que le président Paul Biya et les autorités camerounaises ont accru la pression sécuritaire et la répression des manifestations séparatistes, les rangs des sécessionnistes se sont étoffés ces derniers mois, en même temps que se sont multipliés les incidents violents, faisant craindre, selon observateurs et analystes, à l'émergence d'une "insurrection armée" dans la région.
La minorité anglophone du pays - environ 20% des 23 millions d'habitants - proteste contre sa marginalisation depuis plus d'un an. Si certains anglophones exigent le retour au fédéralisme, une minorité réclame la partition du Cameroun. Deux scénarios que refuse catégoriquement Yaoundé.
Avec AFP