Après six semaines de débats, cet ex-officier de la garde présidentielle âgé de 56 ans a été reconnu coupable de génocide et complicité de crime contre l'humanité, comme en premier instance et comme l'avait demandé l'accusation, pour des faits qui se sont déroulés il y a 22 ans.
En première instance en 2014, il avait déjà été condamné à 25 années de réclusion criminelle pour son rôle lors des massacres qui firent plus de 800.000 morts en cent jours à travers le Rwanda.
Les avocats généraux avaient requis la confirmation de sa condamnation, soulignant ne pas pouvoir demander une peine plus lourde en raison d'une récente jurisprudence.
"Ce jour, c'est le mien: ou bien c'est la liberté ou bien c'est encore le calvaire", avait affirmé Pascal Simbikangwa dans la matinée, avant que la cour ne se retire.
Dernier à prendre la parole, l'accusé s'est exprimé longuement, en français, citant à nouveau les pièces de son dossier d'une vingtaine de tomes, comme il l'avait fait à de multiples reprises depuis le 25 octobre.
Selon lui, il a été "diabolisé" parce qu'il était "inconditionnel" du président hutu Juvénal Habyarimana, dont la mort dans un attentat le 6 avril 1994 avait été l'élément déclencheur du génocide.
- Procès "politique" -
Ancien capitaine de la garde présidentielle reconverti dans la police politique après un accident qui l'a cloué dans un fauteuil en 1986, Simbikangwa était accusé d'avoir organisé des barrages routiers au passage desquels étaient filtrés et exécutés des Tutsi à Kigali, et d'avoir livré armes, instructions et encouragements aux miliciens extrémistes hutu qui les tenaient.
Sa défense, qui demandait l'acquittement "pur et simple", avait estimé vendredi que ce procès n'avait eu "qu'un but": "torpiller l'accusé", arrêté en 2008 à Mayotte pour trafic de faux papiers et détenu depuis 2009 au centre pénitentiaire de Fresnes, en région parisienne.
Comme il a été "le premier Rwandais jugé en France, le premier accusé de génocide, il faut le condamner", avait déploré Me Epstein, disant comprendre son sentiment "d'être mal jugé, d'être un accusé politique".
Pour la défense, la France essaie de s'acheter une "bonne conscience au rabais" avec ce procès. Kigali accuse régulièrement Paris d'avoir soutenu le régime génocidaire, puis protégé ses responsables dans leur fuite.
"Dans cette cour, j'ai eu le sentiment que pas un instant la parole de Pascal Simbikangwa n'avait été écoutée comme celle d'un innocent", avait aussi regretté avant le verdict Me Bourgeot, dénonçant un procès "pas équitable", "déséquilibré".
Dans cette affaire où seules cinq organisations non gouvernementales sont parties civiles, où tout repose sur les témoignages, la défense estime que les témoins n'ont pas été mis à l'audience face à leurs contradictions.
Comme les parties civiles, le ministère public avait raillé de son côté le fait que Simbikangwa se soit souvenu, 22 ans plus tard, avoir "en fait vu une victime" pendant le génocide. Il avait affirmé en première instance n'avoir pas vu un seul cadavre.
Avec AFP