Ce 3 août, aux urgences du CHU de Brazzaville, des femmes sont en pleurs. Une famille vient de perdre un parent, faute d’assistance du personnel médical.
Ce triste spectacle est devenu le quotidien dans cet hôpitald depuis le 1er août, quand les agents du plus grand établissement hospitalier du Congo ont commencé une grève pour réclamer trois mois de salaires impayés.
Les agents s’enferment dans leurs bureaux et ne veulent pas renseigner les parents sur les cas des malades.
Dans les sombres couloirs du CHU, quelque rares silhouettes en blouse blanche, des bureaux déserts, le service des urgences fermé.
Même au bloc d’accouchement, le personnel n’est pas disponible. Les aides-soignants arrive au lieu de travail, pour assurer le service minimum.
"Nous sommes débordés avec seulement deux personnes pour chaque équipe, il y a forcément des malades qu’on ne peut pas voir pendant les visites", reconnaît un infirmier en pédiatrie.
Une garde-malade témoigne avoir entendu dans la nuit des cris des parents qui appelaient à l’assistance des médecins.
"Mais on ne s’occupe pas de nous. Ils disent qu’ils sont en grève et ne peuvent pas soigner. Franchement, avec tout l’argent que nous payons ici, on est surpris d’apprendre que le personnel n’a pas de salaire", déplore-t-il.
Arrivé sur un fauteuil roulant, un autre malade, venu enlever le plâtre sur du pied et du bras, est tout triste sur le perron de l’hôpital. Personne pour le recevoir.
"Je suis perdu, je comptais reprendre le boulot lundi. Là, je ne sais pas…c’est vraiment malheureux", regrette-t-il.
Le responsable syndical des médecins du CHU, le docteur Albert Ngatse Oko, explique que les négociations avec le gouvernement n’ont pas abouti. La date buttoir pour aller en grève est dépassée.
"La seule raison, c’est le paiement des salaires", réaffirme-t-il.
Sur les trois mois des salaires dus, les agents sont prêts à en accepter deux, avant de reprendre le service.
Ngouela Ngoussou, correspondant à Brazzaville