Le service postal du Tchad traverse une crise profonde depuis plusieurs années. Non seulement les différents services privés de transfert d’argent ont claqué la porte, mais même les citoyens sollicitent les agences de voyages pour le transport de leurs courriers vers les provinces de l’intérieur.
La poste n’a pas assez des moyens de transport pour assurer la livraison en temps réel. La subvention accordée par les autorités tchadiennes à la poste a été suspendue avec les seize mesures d’austérité imposée depuis 2016 par le même gouvernement pour redresser l’économie en pleine turbulence.
Le chef de service de brigade de contrôle de la grève Derkimba Madjiri Hassan estime que "c’est depuis février que nous souffrons, c’est le ras-le-bol".
Il poursuit : "Avant on avait le money gram, express money, on avait le Wari et le mandat express international qui vient de Paris. Tout ça c’est des petites recettes. On a besoin de subvention pour relancer la poste. Le CCP (Centres des Chèques Postaux) que vous voyez hermétiquement fermé là, ça génère aussi des recettes".
Pour lui, "quand money gramm est en service, tous les bureaux de money gramm à N’Djamena sont fermés et les gens sont nombreux chaque matin et les recettes qui parties où ? Dieu seul connaît. La grève est légitime, tout est hermétiquement fermés regardé c’est fermé".
Les grévistes sont déterminés à poursuivre le débrayage jusqu’à la satisfaction totale de leurs revendications. Ils dénoncent la mauvaise foi des responsables de la poste.
"Ce qui me fait mal dans tout ça c’est parce qu’on nous néglige nous les agents. Ce sont les agents qui doivent travailler mais on ne nous donne pas à manger….Beaucoup de nos collègues sont renvoyés de leur maison à cause de loyer. Et nous avons décidé aujourd’hui de prendre notre destin en main", a confié des agents à VOA Afrique.
"On en a marre", poursuivent-ils. "L’Etat paie régulièrement les fonctionnaires et nous aussi nous sommes des fonctionnaires, ils n’arriveront pas à nous payer pourquoi ? Ils prennent de l’argent pour des bâtiments pour avoir les 10%, et la maison est inachevée. Nous sommes des veuves. Tous nos enfants deviennent des bandits".
Contacté par VOA Afrique, le ministre en charge des Postes et des nouvelles technologies et la direction générale des postes ne souhaitent pas se prononcer.
Pour le président du syndicat national des postes et télécommunication Addadil Abakar la poste est en train de mourir à petit feu.
"En espace de 18 ans, nous avons vu 18 ministres qui sont passés à la tête de ce ministère et personne n’a pu relancer la poste. Tout ce qu’on demande c’est de payer le salaire aux agents. On a investi 4 à 5 milliards pour réfectionner la maison alors que les activités ne fonctionnent même pas".
Cette grève va pénaliser les fonctionnaires de l’Etat dont les comptes sont logés dans les Centres des Chèques Postaux. Ils auront beaucoup de difficultés à percevoir leur salaire de ce mois de décembre.