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Guerre des projets et ralliements pour Macron et Le Pen


Le candidat centriste Emmanuel Macron et sa concurrente d'extrême droite Marine Le Pen sont sur la « Une » journaux du français à Paris, France, 24 avril 2017.
Le candidat centriste Emmanuel Macron et sa concurrente d'extrême droite Marine Le Pen sont sur la « Une » journaux du français à Paris, France, 24 avril 2017.

A huit jours du second tour de la présidentielle en France, le centriste Emmanuel Macron et Marine Le Pen, qui a choisi un souverainiste comme futur Premier ministre si elle est élue, livrent bataille pour convaincre de leurs projets aux antipodes.

Sur fond de menace d'abstention d'une partie des Français déçus de l'affiche finale pour le 7 mai après l'éviction des partis traditionnels et de la gauche radicale, la cheffe de l'extrême droite tente d'élargir son socle électoral pour faire mentir les sondages qui la donnent largement battue.

Après le soutien vendredi du chef d'un petit parti souverainiste, Nicolas Dupont-Aignan (4,70% des voix au premier tour le 23 avril), elle a annoncé samedi vouloir le nommer Premier ministre en cas de victoire. Elle a justifié ce choix au nom du "patriotisme" et du "projet commun" défendus par le chef de ce parti anti-européen baptisé "Debout la France".

C'est la première fois que le Front national (FN), aux idées anti-immigration et anti-Europe, obtient le soutien d'un candidat issu d'un parti se réclamant du général Charles de Gaulle. "C'est un jour historique car nous faisons passer les intérêts de la France avant des intérêts personnels et des intérêts partisans", a assuré M. Dupont-Aignan, 56 ans.

Le soutien à l'extrême droite de ce souverainiste a provoqué des remous au sein de son parti avec la démission de plusieurs responsables.

L'un des soutiens-clé d'Emmanuel Macron, le centriste historique François Bayrou, a qualifié ce ralliement d'"immense honte" tandis qu'à droite l'indignation était aussi de mise. Le député Jean-François Copé (droite) a ainsi dénoncé "une immense faute politique et morale".

En marge d'une visite samedi d'une exploitation agricole dans le centre de la France, Emmanuel Macron a réagi en défendant son programme "progressiste".

"Il y a une droite réactionnaire et antieuropéenne (...) et de l'autre côté il y a un mouvement progressiste, favorable à une Europe qui protège, à la réforme économique et sociale, à l'éducation et à l'émancipation par le travail. C'est la candidature que je porte", a-t-il affirmé.

- 'Trahison' -

Marine Le Pen a parallèlement tendu la main aux électeurs du tribun de la gauche radicale, Jean-Luc Mélenchon, en les appelant vendredi à "faire barrage" à Emmanuel Macron. "Mettons les querelles et les divergences de côté", a-t-elle exhorté.

M. Mélenchon, qui a obtenu plus de 19% des voix au premier tour, s'est refusé à donner une consigne de vote à ses partisans tout en affirmant qu'il ne voterait pas pour le parti Front national le 7 mai.

La presse française n'était pas tendre samedi avec Jean-Luc Mélenchon, chef du parti la "France insoumise", accusé avec cette stratégie de "faire la courte échelle" à l'extrême droite.

Dans ce contexte tendu, les appels à voter pour Emmanuel Macron se font plus pressants de la part de responsables politiques des partis de droite et de gauche, exclus de l'affiche du second tour pour la première fois en un demi-siècle de vie électorale française.

L'ex-Premier ministre de droite Alain Juppé a ainsi de nouveau appelé samedi les électeurs à voter pour le centriste "parce qu'il est le seul le 7 mai à pouvoir éviter à la France le malheur du FN".

"La trahison" de M. Dupont-Aignan, "l'attitude ambigüe" de M. Melenchon, "l'effondrement" du parti socialiste, "les finasseries de certains de mes propres +amis+ politiques ajoutent à la confusion générale sur laquelle prospère le FN", a-t-il mis en garde.

Fidèle à sa ligne "ni de droite ni de gauche", Emmanuel Macron, qui se présente pour la première fois à une élection, a de nouveau exclu toute "coalition" avec la droite ou le parti socialiste s'il est élu président.

"Il n'y aura pas de coalition avec les deux grands partis existants (...) Mais dans les temps qui arrivent, il y aura une refondation de la vie politique qui verra des socialistes et des Républicains (parti de droite) me rejoindre individuellement", a estimé le candidat d'En Marche! dans un entretien au quotidien conservateur Le Figaro.

Après avoir retiré de sa profession de foi une mention clivante sur la "souveraineté monétaire", donc la sortie de l'euro, Marine Le Pen a, elle, assuré qu'elle ne voulait "pas le chaos", dans un entretien au quotidien régional Sud-Ouest.

Avec AFP

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