Domingos Simoes Pereira évoque les divergences à la tête de l'exécutif.
"Le président m'a dit qu'il ne me fait plus confiance. De nombreuses tentatives ont été faites pour résoudre le différend mais (il) a maintenu sa position de dissoudre le gouvernement", a déclaré le Premier ministre dans un message à la Nation diffusé à la radio.
"Nous avons constaté qu'il existe une volonté réelle de provoquer une crise pour justifier sa décision de dissoudre le gouvernement", a dit Domingos Simoes Pereira.
En Guinée-Bissau, le président de la République peut dissoudre le gouvernement, mettre en place une nouvelle équipe pour conduire la gestion du pays et organiser des élections législatives dans les 90 jours qui suivent, selon la Constitution.
Le gouvernement de M. Pereira a été formé en juillet 2014, après la victoire de José Mario Vaz au second tour de l'élection présidentielle organisée en mai.
MM. Vaz et Pereira sont membres du Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), première formation de Guinée-Bissau, qui avait mené la guerre d'indépendance contre le colonisateur portugais.
Mais les deux hommes ne s'entendent pas sur la manière de diriger le pays, selon leurs entourages.
Le chef de l'État veut le départ du gouvernement de certains ministres, auxquels il reproche leur "gestion douteuse", contre l'avis du Premier ministre, d'après les mêmes sources.
Parmi les personnes dont le président réclamerait le départ, figurent les ministres des Affaires étrangères et des Ressources naturelles et les secrétaires d'État à la Pêche et au Trésor.
Entre 300 et 400 personnes manifestaient vendredi devant le palais présidentiel, dans le centre de Bissau, contre une éventuelle dissolution du gouvernement, a constaté un journaliste de l'AFP.
"A bas le coup d'Etat constitutionnel!", ont notamment scandé ces manifestants, dont des membres de la société civile.
Cette manifestation contre une dissolution du gouvernement fait suite à un appel lancé jeudi par le président des organisations de la société civile de Guinée-Bissau, Jorge Gomes, et vendredi par un responsable d'une intersyndicale, Filomeno Cabral, dans des messages radiodiffusés.
Jeudi soir, environ cent personnes s'étaient rassemblées devant le Palais présidentiel puis se sont dispersées sans incident.
Aucun déploiement de forces de l'ordre n'était constaté vendredi après-midi dans les rues de Bissau, selon un journaliste de l'AFP.
L'armée a reçu la consigne de rester dans les casernes, a affirmé à l'AFP une source militaire.
La Guinée, ex-colonie portugaise de 1,6 million d'habitants, a connu plusieurs coups d'État - réussis ou avortés - depuis son indépendance en 1974.
L'instabilité politique et la pauvreté y ont facilité depuis des années l'implantation de trafiquants de drogue, avec la complicité présumée de hauts responsables de l'armée.
Avec AFP