"Ça pèse énormément. L’argent de la popote a augmenté. On ne sait pas pourquoi. On a l’insécurité au Burkina. Ceux qui cultivaient pour nous ravitailler ici en ville, avec cette crise de déplacés, ces personnes ne sont plus dans leurs localités précises. Beaucoup ont fui à cause du terrorisme. À ce rythme on ne sait pas où on va. On va oublier le terrorisme, c’est la faim qui va nous faire sortir", explique Adama Koanda, mécanicien à Ouagadougou, qui dit être à bout de souffle.
Dans un supermarché de la capitale, le responsable Ladji Bambara confirme la hausse des prix dans son commerce.
"En tant que gérant et en tant que consommateur, j’ai constaté le même fait sur le marché. Beaucoup de prix ont augmenté. L’huile a augmenté. 98% des produits ont augmenté jusqu’à la farine alimentaire. Je peux dire que c’est peut-être la crise qu’on a vécu avec le coronavirus et aussi la guerre entre la Russie et l’Ukraine", dit-il.
En attendant le bout du tunnel, les Burkinabè se serrent la ceinture ou essaient de trouver des solutions de rechange.
"Traditionnellement, c’est une période où les prix montent. On se prépare pour la nouvelle campagne. C’est en ce qui concerne les céréales. Mais il y a d’autres biens de première nécessité qui ont augmenté, notamment le sucre, l’huile qui montent. Mais ça, c’est depuis le coronavirus", souligne Abdoulaye Tao, journaliste spécialiste des questions économiques.
"Avec la reprise post-covid, on a constaté une petite inflation due aux frais d’approche au niveau des pays de l’hinterland parce qu’il y a très peu de conteneurs disponibles. Il y a eu un impact sur le coup des transports. Avec la guerre, la crise internationale qui est venue s’ajouter, on s’attend à ce qu’il y ait une certaine hausse. Tout dépend du stock de chaque pays. Et c’est ce qu’il faut faire craindre pour les prochains mois. Par exemple pour le gaz, la farine, le pétrole. Si à l’importation il y a des hausses, si au prix d’importation du baril ou du m3 du gaz, on répercute les effets de la crise en Ukraine, on va voir une répercussion au niveau du prix du consommateur, mais cela est à venir", ajoute-t-il.
En cette période de Ramadan et de carême, le ministre du Commerce a procédé il y a quelques jours un contrôle sur des produits de grande consommation comme le sucre, l’huile, le riz et autres céréales locales.
Selon le ministère, il s’agissait pour les équipes de vérifier le respect des prix autorisés, des marges, de la procédure d'importation, de la facturation, de la publicité et surtout le respect de la réglementation relative au commerce.