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42 hommes, soupçonnés d'homosexualité, en garde à vue depuis 4 jours au Nigeria


Un policier lors d’une manifestation à Lagos, Nigeria, 1er mai 2014.
Un policier lors d’une manifestation à Lagos, Nigeria, 1er mai 2014.

Quarante-deux hommes, accusés d'être homosexuels et arrêtés le week-end dernier à Lagos, capitale économique du Nigeria, pays où l'homosexualité est un délit, étaient toujours en garde à vue mercredi, a annoncé la police.

"Nous sommes toujours en train d'étudier leurs dossiers pour déterminer qui est coupable avant de les traduire en justice selon les termes de la loi", a expliqué à l'AFP Olarinde Famous-Cole, porte-parole de la police pour l'Etat de Lagos.

Dans la nuit de samedi à dimanche, des dizaines de personnes ont été arrêtées dans un hôtel du quartier de Owode-Onirin, dans l'extrême nord de Lagos, après un raid de la police. Parmi elles, 42 sont toujours détenues, sans que l'on connaisse la date d'une éventuelle libération ou de la tenue de leur procès.

"Selon des habitants du quartier, certains d'entre eux étaient connus pour leur homosexualité", a affirmé M. Famous-Cole. "Ils ont été placés en garde à vue pour approfondir l'enquête".

L'ex-président nigérian Goodluck Jonathan a fait voter en 2014 une loi qui bannit non seulement le mariage homosexuel, mais aussi la "cohabitation entre même sexe", et condamne de 10 à 14 ans de prison tout témoignage public de "relations amoureuses entre personnes de même sexe".

Bien que personne n'ait été condamnée pour son homosexualité, les arrestations régulières entretiennent un climat de peur au sein de la communauté LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres), dans ce pays très religieux et conservateur.

L'activiste Bisi Alimi, défenseur nigérian des droits LGBT, qui a lancé une pétition sur Twitter pour réclamer la libération des 42 personnes, affirme que la soirée se tenait "dans le hall de l'hôtel où des conseillers étaient présents pour parler des risques du VIH et prodiguer des tests de dépistage gratuits".

"C'était une fête", confie-t-il à l'AFP. "Ce n'était pas une orgie dans un hôtel comme la police veut le laisser penser. Les hommes et les garçons arrêtés n'ont jamais dit qu'ils étaient homosexuels".

En avril dernier, 53 hommes ont été arrêtés à Zaria (nord), accusés d'avoir participé à une fausse cérémonie de mariage homosexuel. Plaidant non coupable et libérés sous caution, ils n'ont toujours pas été traduits en justice.

"Souvent, les accusés trouvent des moyens de sortir du circuit de la justice, et l'on n'entend plus jamais parler d'eux", explique M. Alimi, qui est lui-même en exil à Londres après avoir révélé son homosexualité.

Dans un pays où le système judiciaire est particulièrement corrompu, les associations de défense des droits homosexuels dénoncent une législation qui encourage la corruption.

Dans un rapport récent pour Human Rights Watch (HRW), Wendy Isaack, spécialiste des questions de genre, dénonce la loi de 2014, estimant qu'elle "a donné l'opportunité à la police et à la population en général d'extorquer de l'argent aux personnes qu'ils pensent être LGBT".

Avec AFP

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