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Hostilité ou espoir, la présence de militaires burundais fait débat au Sud-Kivu


Le ministre congolais de la Défense, Aimé Ngoy Mukena, s'adresse aux soldats lors d'une visite officielle à Bijombo, dans la province du Sud-Kivu, dans l'est de la République démocratique du Congo, le 10 octobre 2020.
Le ministre congolais de la Défense, Aimé Ngoy Mukena, s'adresse aux soldats lors d'une visite officielle à Bijombo, dans la province du Sud-Kivu, dans l'est de la République démocratique du Congo, le 10 octobre 2020.

Certains sont hostiles, d'autres attendent de voir: les habitants du Sud-Kivu, dans l'est de la République démocratique du Congo, se montraient partagés mercredi face à la présence officielle sur leur sol de militaires burundais chargés de lutter contre les groupes armés.

Le médecin congolais Denis Mukwege, prix Nobel de la paix 2018, avait déjà manifesté son hostilité au projet de déploiement d'une force régionale dans l'est de son pays, en proie depuis près de 30 ans aux violences de groupes armés, certains locaux, d'autres constitués de miliciens originaires de pays voisins.

Il l'a confirmée dans un tweet au lendemain de l'annonce lundi par l'armée congolaise du déploiement en RDC d'un contingent burundais, le premier dans le cadre de la force de la Communauté des Etats d'Afrique de l'Est (EAC). Ce déploiement "démontre l’échec de la diplomatie", c'est "une humiliation de plus pour notre Nation", a estimé le célèbre gynécologue.

"Mettons fin à l’externalisation de la sécurité par des Etats déstabilisateurs et oeuvrons à la réforme de notre armée pour la rendre professionnelle et opérationnelle", a-t-il plutôt demandé.

En juin, l'EAC avait décidé de mettre sur pied cette force régionale, chargeant les armées kényane et ougandaise de se déployer aux côtés des militaires congolais dans le Nord-Kivu et l'Ituri, l'armée sud-soudanaise dans le Haut-Uélé et les Burundais dans le Sud-Kivu. Kinshasa, accusant le Rwanda de soutenir activement une rébellion (le M23) dans le Nord-Kivu, a refusé que Kigali participe à cette force.

Ces "entrées dites officielles de troupes étrangères ne viennent qu’accentuer le problème au lieu de le résoudre", a également regretté une organisation de la société civile du Sud-Kivu, la "Nouvelle dynamique de la société civile", en accusant "la plupart de ces armées" de se trouver sur le sol congolais depuis plusieurs années.

Certains pays de la région appuient des groupes armés dans l'est de la RDC "afin d'y maintenir le chaos" et de "tirer les bénéfices du pillage de nos ressources minières", affirme cette organisation.

Face à la persistance des violences que ni l'armée congolaise ni l'ONU ne parviennent à stopper, d'autres associations locales de la société civile saluent en revanche la venue du contingent burundais, cantonné dans un centre d'instruction dans la région d'Uvira, au sud de Bukavu, avant son déploiement sur le terrain.

Saint-Cadet Kibibi par exemple, président de la société civile de Minembwe interrogé par l'AFP depuis Bukavu, la juge "bienvenue", tout en s'interrogeant sur la capacité de ces militaires à ramener la paix. "Nous voulons voir cette force faire correctement son travail, dans le respect du droit international humanitaire", demande-t-il. Kelvin Bwija, pour la "Société civile des compatriotes/Uvira-Fizi", souhaite de son côté que les autorités fixent "la durée précise de ces opérations".

Aux violences entre communautés dans la région s'ajoutent des troubles liés à la présence de groupes rebelles burundais tels que RED-Tabara et FNL (Forces nationales de libération).

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