La Commission des libertés individuelles et de l'égalité (Colibe) avait proposé en juin des réformes sociétales, prévoyant notamment la dépénalisation de l'homosexualité et l'égalité dans l'héritage. Ces réformes, touchant des textes inspirés du Coran, ont été vivement dénoncées par des associations religieuses.
Le président Béji Caïd Essebsi, qui a créé la Colibe, a annoncé mi-août le prochain dépôt au Parlement d'un projet de loi pour rendre hommes et femmes égaux en matière d'héritage.
Abdelkarim Harouni, le président du conseil de la Choura, la plus haute instance du parti Ennahdha, avait indiqué que son parti allait "militer pour donner à la femme son droit dans l'héritage" mais dans le cadre de la Constitution.
Il avait précisé que son parti attendait de voir le texte exact du projet de loi pour prendre position.
Mais dans un communiqué signé par M. Harouni, le conseil de la Choura a dit souhaiter "le maintien du régime de l'héritage comme indiqué dans les textes catégoriques du Coran (...) et comme souligné dans le Code du statut personnel (CSP)". Cette loi actuelle prévoit qu'un homme hérite le plus souvent du double qu'une femme de même rang de parenté.
Ennahdha a ainsi annoncé qu'il "rejetterait la proposition présidentielle", souligne HRW, estimant que ce refus constitue une "atteinte aux droits des femmes dans ce pays".
Cette position représente "une trahison pour les Tunisiennes et une occasion manquée de prouver l'adhésion du parti islamiste, aux droits des femmes", a estimé Amna Guellali, présidente du bureau de HRW à Tunis, dénonçant "des déclarations ambiguës" d'Ennahdha sur la question de l'égalité dans l'héritage.
"Le refus d'Ennahda d'abolir l'un des derniers vestiges de l'inégalité de genre dans le pays affaiblit le leadership de la Tunisie dans le monde arabe", a ajouté Mme Guellali, estimant qu'"il est temps que les progressistes d'Ennahdha prennent la parole pour contrer ces tendances régressives".
Le projet de loi soutenu par le président tunisien, prévoit que l'égalité devienne la règle générale, mais que les citoyens désirant y déroger pour des motifs religieux ou autres, puissent le faire par le biais d'un acte devant un notaire.
Avec AFP