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Donald Trump durcit le ton sur l'immigration


Donald Trump, le sénateur Mitch McConnell (leader de la majorité républicaine) et les leaders démocrates Chuck Schumer (sénat) et Nancy Pelosi (chambre des représentants), Maison Blanche, Washington, le 6 septembre 2017.
Donald Trump, le sénateur Mitch McConnell (leader de la majorité républicaine) et les leaders démocrates Chuck Schumer (sénat) et Nancy Pelosi (chambre des représentants), Maison Blanche, Washington, le 6 septembre 2017.

Donald Trump change de nouveau de posture: son administration a présenté une liste de "principes" sur l'immigration qui éloigne la perspective, un temps évoquée, d'un compromis avec les démocrates sur le sort des "Dreamers", ces jeunes clandestins qui bénéficient d'un statut temporaire désormais menacé.

Dans un document adressé dimanche soir au Congrès, l'exécutif américain pose - pour la plus grande joie de l'aile droite du parti républicain - ses conditions pour une réforme de l'immigration: financement du mur à la frontière avec le Mexique, accélération des procédures de renvoi des mineurs arrivant à la frontière.

L'administration veut aussi augmenter de manière significative les effectifs chargés de l'application des textes avec l'embauche de 10.000 personnes supplémentaires au sein de l'ICE (Immigration and Customs Enforcement).

L'exécutif propose par ailleurs une réforme du système des permis de résident permanent (cartes vertes) qui serait désormais basé sur un système de points. Il préconise aussi la suppression de la loterie par laquelle, depuis 1994, 50.000 de ces précieuses "green cards" sont attribuées chaque année de manière aléatoire parmi des millions de postulants.

"Une réforme de l'immigration doit créer plus d'emplois, des salaires plus élevés et plus de sécurité pour les Américains", écrit Donald Trump dans un courrier adressé au Congrès, pour souligner pourquoi les priorités qu'il présente sont "nécessaires".

Or le calendrier est serré: les élus doivent se pencher dans les mois à venir sur le sort des sans-papiers couverts par le programme "Daca", créé par Barack Obama, qui a permis de donner des papiers temporaires à des clandestins arrivés avant l'âge de 16 ans.

Donald Trump l'a supprimé, avec cependant six mois de sursis, renvoyant de fait la balle dans le camp du Congrès. Environ 690.000 jeunes "Dreamers" (rêveurs) disposent actuellement de ce permis.

'Monnaie d'échange'

Mi-septembre, le président américain avait pris tout le monde à contre-pied en évoquant les contours d'un accord avec les démocrates sur ce thème.

Cette annonce avait décontenancé sa base mais avait aussi été vue comme un "coup politique" et une preuve de la capacité de ce président arrivé au pouvoir sans expérience politique à faire bouger les lignes à Washington.

A l'issue d'un dîner à la Maison Blanche avec "Chuck et Nancy" (Nancy Pelosi et Chuck Schumer, les chefs des minorités démocrates de la Chambre des représentants et du Sénat), un compromis avait été évoqué. En échange de la régularisation des "Dreamers", les démocrates, qui disposent d'une minorité de blocage au Sénat, acceptaient de voter des crédits pour doper en technologies (drones, détecteurs...) et en moyens la protection de la frontière avec le Mexique.

"Je suis certaine que le président est sincère", avait lancé Nancy Pelosi peu après cette annonce surprenante.

Trois semaines plus tard, le ton a radicalement changé.

Dans un communiqué au ton sec, Nancy Pelosi et Chuck Schumer ont vivement rejeté les propositions de l'exécutif.

"Cette administration ne peut être sérieuse lorsqu'elle parle de compromis (...) si elle lance le débat avec une liste qui est anathème pour les Dreamers, pour la communauté des migrants et pour la grande majorité des Américains", indiquent les deux dirigeants démocrates.

"Cette liste va beaucoup plus loin que ce qui est raisonnable", ajoutent-ils, soulignant que la liste inclut le mur "qui avait été explicitement écarté des négociations".

A l'issue de la réunion dans un salon de la résidence présidentielle, les démocrates avaient en effet assuré que Donald Trump avait temporairement capitulé sur le mur frontalier -une promesse qui fut au coeur de sa campagne-, reportant à "plus tard" la bataille pour le vote des crédits pour sa construction.

Ces "principes et priorités" énoncés par l'administration Trump doivent certes être vus comme le point de départ d'une longue négociation au Congrès.

Mais sur le fond comme sur la forme, cette annonce ne contribuera pas à préparer le terrain à un texte de compromis auquel sont suspendus des centaines de milliers de "Dreamers" qui sont, dans de très nombreux cas, complètement intégrés dans la société américains.

Le parlementaire démocrate du Texas Joaquin Castro a appelé le Congrès à rejeter en bloc ces propositions qui manquent "d'humanité". "La Maison Blanche veut utiliser les Dreamers comme une monnaie d'échange pour atteindre ses objectifs en termes d'expulsions", a-t-il déploré.

Avec AFP

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