Plusieurs milliers de personnes ont manifesté samedi dans les régions du Nord et du Centre-Nord du Burkina Faso, contre "l'insécurité grandissante", appelant les autorités à des mesures face aux attaques jihadistes récurrentes, a-t-on appris auprès des manifestants et d'autorités locales.
Dans le Centre-Nord, les manifestants réunis à Kaya, le chef lieu de la région, ont marché vers le gouvernorat, brandissant des pancartes où on pouvait lire : "Des morts et des morts, on n'en veut plus !", "Non à l'insécurité grandissante" ou encore "On veut cultiver nos champs en paix".
Cette manifestation "fait suite à l'attaque contre une unité de police sur l'axe Barsalogo-Foubé qui a coûté la vie à onze d'entre eux, lundi dernier", a expliqué à l'AFP Boukari Ouédraogo, président du mouvement "Appel de Kaya", à l'origine de la marche.
"Nous ne voulons plus que des avions ramènent les corps de nos maris", a affirmé une manifestante, Aguiratou Sawadogo, épouse d'un soldat.
"La gestion chaotique et par tâtonnement de la situation sécuritaire a fini par convaincre les populations que la situation ne semble pas préoccuper nos autorités", a estimé M. Ouédraogo, assurant que ce n'est que "le début d'une lutte qui appelle à plus d'engagement, d'organisation et de détermination sans faille pour (...) le droit à la sécurité".
Dans la région du Nord, une manifestation similaire à Titao a entraîné le saccage d'un bâtiment officiel, selon les autorités locales.
Vendredi, l'opposition a appelé à des "marches" dans tout le pays, pour "protester contre la dégradation de la situation sécuritaire et exiger des mesures fortes" face à la montée des violences jihadistes de plus en plus meurtrières.
Le 12 juin, plusieurs milliers de personnes avaient déjà manifesté à Dori, dans le nord du Burkina Faso, pour dénoncer "l'inaction" des autorités, après le massacre dans le village de Solhan dans le nord-est.
Dans la nuit du 4 au 5 juin des hommes armés - dont "des jeunes âgés de 12 à 14 ans" selon le gouvernement - ont attaqué cette localité, tuant au moins 132 personnes selon le gouvernement, 160 selon des sources locales.
Le Burkina Faso, pays sahélien pauvre, est confronté depuis 2015 à des attaques de plus en plus fréquentes et meurtrières de groupes jihadistes, dont le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (affilié à Al-Qaïda) et le groupe Etat islamique au Grand Sahara.