"Les habitants et les voyageurs traversant le Nord sont "terrorisés par des hommes armés qui semblent agir sans grande crainte d'être arrêtés, encore moins traduits en justice", a déploré Corinne Dufka, directrice de la division Afrique de l'ouest de l'ONG.
"Beaucoup de gens sont traumatisés", a expliqué à l'AFP Felicity Thompson, l'auteur du rapport de HRW paru lundi, se souvenant avoir rencontré une femme "terrifiée" après une telle attaque.
Les anciens combattants de la crise politico-militaire de 2002-2011, "largement soupçonnés d'être impliqués dans ces attaques" commises "à un rythme effréné", doivent impérativement être désarmés et jugés pour ces assauts, a insisté HRW.
Après une "légère amélioration" en 2013, la situation a "progressivement et considérablement empiré" en 2014, selon des habitants interrogés par HRW, qui font état d'attaques "quasi-quotidiennes" menées par des groupes armés de "kalachnikov, de pistolets et, dans certains cas, de lance-grenades".
L'ONG a dénombré au moins 4 morts et 20 blessés dans ces violences cette année. Un bilan vraisemblablement inférieur à la réalité, des récits d'attaques, parfois mortelles, étant très fréquemment rapportés dans la presse ivoirienne.
René Legré confirme ce sentiment d'insécurité à VOA Afrique. Le secrétaire exécutif de de la commission des droits de l’homme de Côte d'Ivoire précise que "les mesures prises par le gouvernement depuis les premières attaques, n’ont pas porté leurs fruits. Les forces armées ont ratissé la zone mais dès la fin de ces opérations, les attaques ont repris de plus belle."
La Côte d'Ivoire a connu une décennie de crise politico-militaire entre 2002 et 2011. Le pays était divisé entre un Nord tenu par une rébellion et un Sud contrôlé par les forces loyalistes à l'ancien chef de l'Etat Laurent Gbagbo.
Des violences postélectorales, qui firent plus de 3.000 morts en 2010-2011, constituèrent l'épilogue de cette période de troubles. La rébellion s'était ralliée au camp du président Ouattara lors de cette crise postélectorale.
Si des milliers d'anciens rebelles ont depuis lors rejoint les forces de sécurité, de nombreux autres, sans travail ni affectation, n'ont toujours pas été désarmés.
L'autorité ivoirienne pour le désarmement, la démobilisation et la réinsertion (ADDR) affirmait fin octobre avoir réinséré "60% des 74.000 ex-combattants", soit plus de 44.000 personnes. Selon des experts, ces chiffres sont largement exagérés pour des raisons politiques.