Une première vague de nouvelles sanctions américaines contre l'Iran entrera en vigueur mardi à 4h01 GMT. Elle comprendra des blocages sur les transactions financières et les importations de matières premières, ainsi que des sanctions sur les achats dans le secteur automobile et l'aviation commerciale.
Une seconde phase de sanctions s'abattra en novembre sur le secteur pétrolier et gazier ainsi que la banque centrale.
A la question de savoir si l'Iran pourrait se soustraire à l'effet de ces nouvelles mesures punitives, M. Pompeo, qui était en route pour Washington après avoir participé à un forum sur la sécurité à Singapour, a répondu aux journalistes: "Les Etats-Unis feront respecter les sanctions".
Après avoir claqué la porte de l'accord signé en 2015 entre Téhéran et les grandes puissances, l'administration Trump ne s'en cache pas: elle compte frapper l'Iran d'une "pression maximale", diplomatique et économique.
Mais le doute demeure sur ses visées à long terme, et sur les risques accrus, ou non, d'un conflit. D'autant que Washington souffle le chaud et le froid.
Donald Trump a surpris, la semaine dernière, en affirmant être prêt à rencontrer les dirigeants iraniens "quand ils veulent", après une guerre des mots avec son homologue iranien Hassan Rohani.
"L'Iran et son économie, vont très mal et cela va vite. Qu'il y ait une réunion ou pas importe peu. C'est à eux de voir", a tweeté Donald Trump samedi soir.
Son conseiller à la sécurité nationale, John Bolton, a par le passé plaidé publiquement en faveur d'un changement de régime.
"Pour Bolton et les autres, la pression est une fin en soi", analyse Suzanne Maloney, chercheuse au centre de réflexion Brookings Institution.
Aux yeux de l'administration Trump, "tant mieux si elle mène à une capitulation" face aux demandes américaines, mais "encore mieux si elle mène à un changement de régime", affirme-t-elle à l'AFP.
Rial au plus bas
Les mesures décidées par l'administration américaines pourraient lourdement peser sur l'économie iranienne et la monnaie nationale, le rial, a récemment atteint son plus bas niveau face au dollar sur le marché parallèle.
D'autant que, selon des analystes, des mesures prises par Téhéran ont aussi contribué au plongeon de la devise. En avril, les autorités avaient établi un taux officiel fixe de 42.000 rials pour un dollar tout en menaçant de poursuites les cambistes du marché parallèle qui appliqueraient un taux différent.
Cette mesure a entraîné une vague de spéculation sur le marché noir tandis que certains responsables sont soupçonnés de corruption pour avoir profité de dollars à des taux préférentiels.
C'est dans ce contexte très tendu que le vice-gouverneur et chef du département des changes de la Banque centrale d'Iran a été arrêté, a annoncé dimanche l'autorité judiciaire.
Le vice-gouverneur, Ahmad Araghchi, été arrêté avec d'autres responsables ainsi que quatre cambistes accusés de spéculation, a indiqué le porte-parole de l'autorité judiciaire, Gholam-Hossein Mohseni Ejeie, dans une déclaration à la radio-télévision d'Etat IRIB.
Les opposants conservateurs du président Hassan Rohani, un modéré, reprochent à son gouvernement de ne pas lutter suffisamment contre la corruption et d'échouer à relancer l'économie.
"Grands corrompus"
Samedi, un haut responsable religieux, le grand ayatollah Hossein Nouri-Hamedani, a demandé que "les grands corrompus économiques" soient renvoyés devant les tribunaux.
"Les gens sont en colère quand ils entendent que quelqu'un a détourné des milliards pendant que d'autres vivent dans des conditions difficiles", a-t-il déclaré selon l'agence de presse Tasnim, liée aux conservateurs.
Avant son arrestation, le chef du département des changes, qui est le neveu du vice-ministre des Affaires étrangères iranien Abbas Araghchi, avait été limogé samedi par le nouveau gouverneur de la Banque centrale, une mesure sanctionnant apparemment sa mauvaise gestion de la crise monétaire en cours.
Manifestations
Des journalistes ont rapporté une présence renforcée de la police anti-émeutes dimanche soir dans la ville de Karaj, à l'ouest de Téhéran, secouée par des manifestations depuis quelques jours.
Selon les médias d'Etat iraniens, environ 500 manifestants ont attaqué une école religieuse dans cette province vendredi et une personne aurait été tuée par des protestataires.
Ces derniers jours, des manifestations rassemblant des centaines de personnes ont eu lieu dans plusieurs grandes villes comme Chiraz (sud), Ahvaz (sud-ouest), Machhad (nord-est) et Karaj.
Plusieurs régions du pays auraient connu des manifestations motivées par un mécontentement face à la situation économique détériorée, à la classe politique mais aussi au manque d'eau causé par la sécheresse.
Mais de sévères restrictions imposées à la presse ont rendu impossible de vérifier de source indépendante l'ampleur de ces protestations et les images circulant sur les réseaux sociaux.
Avec AFP