Le ministère israélien des Affaires étrangères a confirmé à l'AFP cette décision.
HRW, qui a établi de nombreux rapports critiques sur l'occupation israélienne des territoires palestiniens, a demandé il y a plusieurs mois un visa pour le nouveau directeur de son bureau chargé d'Israël et de la Palestine, Omar Shakir, un citoyen américain.
Le 20 février, les autorités israéliennes ont répondu que cette demande avait été rejetée car, selon elles, HRW "n'est pas vraiment une organisation de défense des droits de l'Homme", a précisé HRW, basée à New York, dans un communiqué.
Le porte-parole des Affaires étrangères israéliennes Emmanuel Nahshon a accusé HRW d'avoir "constamment montré qu'elle était une organisation fondamentalement partiale et anti-israélienne dotée d'un ordre du jour hostile".
"Pourquoi devrions-nous accorder des permis de travail à des gens dont le seul but est de nous dénigrer et de nous attaquer", a-t-il dit. Mais les employés israéliens et palestiniens de HRW sont autorisés à continuer à travailler, selon lui.
Le gouvernement de Benjamin Netanyahu, considéré comme le plus à droite de l'Histoire d'Israël, a été maintes fois accusé d'exercer des pressions sur les organisations de défense des droits de l'Homme.
"Nous sommes vraiment choqués", a affirmé à l'AFP Omar Shakir. "Nous travaillons dans plus de 90 pays. De nombreux gouvernements n'aiment pas nos conclusions fondées sur des recherches approfondies, mais leur réaction n'est pas de réprimer le messager".
En 2016, l'ONG a publié un rapport selon lequel les entreprises étrangères et israéliennes opérant dans les colonies en Cisjordanie occupée contribuaient aux abus contre les Palestiniens. Elle a aussi mené une campagne pour que les clubs de foot israéliens actifs dans les colonies -jugées illégales par l'ONU- soient exclus de la FIFA.
M. Shakir a déploré que les responsables israéliens "ne soient pas capables d'établir une distinction entre une critique sincère et de la propagande".
Il a admis avoir participé à des campagnes propalestiniennes avant de rejoindre HRW. Mais, selon lui, les autorités israéliennes lui ont fait comprendre que le refus d'accorder un visa concernait tous les membres étrangers de l'ONG.
M. Nahshon a indiqué que l'examen des demandes de visas pour d'autres ONG comme Amnesty International se fera au cas par cas.
Le Parlement israélien a adopté en 2016 une loi contraignant les ONG recevant la majorité de leur budget d'institutions gouvernementales étrangères à déclarer cette situation.
Pour Roy Yellin, de l'organisation israélienne antioccupation B'Tselem, le gouvernement Netanyahu tente de désigner les ONG comme "bouc émissaire".
"Tout cela fait partie d'une vague d'intolérance qui déferle et tente de présenter les auteurs de critiques comme des ennemis de l'Etat", estime-t-il.
HRW a été mise à l'index par d'autres pays. En 2011, le gouvernement d'Ouzbékistan a fermé ses bureaux et une délégation de l'ONG a été expulsée du Venezuela en 2008.
"Nous avons peu de rapports avec les gouvernements de Corée du Nord, du Soudan, de l'Ouzbékistan, de Cuba, du Venezuela, autant de pays qui ne sont pas connus pour leur engagement en faveur des droits de l'Homme. Avec sa décision sur les visas, Israël rejoint cette liste", a dit M. Shakir.
Avec AFP