La Haute Cour rwandaise a acquitté, en fin de semaine, le directeur de publication du journal Umuvugizi, Jean-Bosco Gasasira, des chefs d’accusation d’atteinte au chef de l’Etat, de propagation de rumeurs, d’incitation à la révolte. Récipiendaire du Prix Hellman/Hammett 2010 de Human Rights Watch pour les journalistes victimes de persécution politique, Gasasira a quitté son pays pour la Suède.
Il dit n’avoir jamais cessé de revendiquer sa liberté et s’est félicité de son acquittement, « mais une justice retardée est un déni de justice », a-t-il dit. « Ils m’ont acquitté alors que je suis migrant ; ils l’ont fait alors que notre rédacteur en chef est mort après avoir été abattu de sang froid à cause des mêmes articles que nous écrivions, alors que notre journal est bloqué sur le Net pour empêcher qu’on y accède dans notre pays, ils le font alors que des journalistes languissent dans les prisons rwandaises », a expliqué le directeur de publication d’Umuvugizi.
Jean-Bosco Gasasira considère son acquittement comme un pas dans la bonne direction. « C’est une occasion d’appeler le gouvernement du président Kagamé de faire tout ce qu’il peut pour donner les coudées franches aux journalistes et à tous les médias libres du pays. Nous leur demandons également de corriger les problèmes pour lesquels les journalistes les critiquent », a déclaré le journaliste rwandais.
Pour ce qui de son éventuel retour au Rwanda à la suite de son acquittement, Gasasira estime que la situation reste délicate. « Lorsque j’ai quitté le Rwanda le 21 avril de cette année, je n’ai pas fui le Rwanda à cause des chefs d’accusations retenus contre mois. Mais j’ai quitté le Rwanda par crainte pour ma vie, étant donné la manière dont ils ont tenté de m’assassiner en 2007, et la façon dont cela a accéléré les choses, puisque deux à trois mois plus tard, ils ont assassiné mon rédacteur en chef-adjoint », a-t-il souligné.
Pour le directeur de publication d’Umuvugizi, le problème ne se situe pas du tout au niveau des tribunaux rwandais, mais des actes illégaux que posent par les dirigeants du pays. « Le problème a été, jusqu’ici, celui de la sécurité, notre sécurité, en particulier quand on vient à nous assassiner, ou à envoyer l’armée pour nous détruire ou nous assassiner », a déclaré Jean-Bosco Gasasira, qui lancé un appel au président rwandais Paul Kagame afin qu’il garantisse la sécurité de tous les journalistes et libère ceux des confrères journalistes qui languissent encore en prison.