Affichant durant 40 minutes une grande sérénité et faisant preuve de beaucoup de précision dans ses explications médicales, le 39e président américain (1977-1981), artisan des accords de Camp David, a expliqué que son cancer, décelé lors d'une opération destinée à retirer une tumeur au foie, s'était propagé dans son cerveau.
"Je vais recevoir mes premières radiations pour les mélanomes cet après-midi", a déclaré M. Carter, qui fait partie des quatre anciens présidents américains toujours en vie, avec George H.W. Bush, George W. Bush et Bill Clinton.
"Il est probable que (les métastases) apparaissent ailleurs dans mon corps", a-t-il poursuivi depuis le siège du "Carter Center" qu'il a créé il y a plus de 30 ans à Atlanta, dans le sud-est des Etats-Unis.
Depuis son départ de la Maison Blanche en 1981 après sa défaite face au républicain Ronald Reagan, M. Carter, s'est trouvé une vocation d'homme de paix en multipliant les missions humanitaires et de médiation, de Cuba à la Corée du Nord en passant par l'Ethiopie.
La fin de sa présidence a été profondément marquée par la prise d'otages américains en Iran en 1979-80, qui lui avait valu une réputation de faiblesse et de naïveté sur le plan international et de nombreux détracteurs dans son pays.
Evoquant quatre séances de traitement à intervalles de trois semaines, M. Carter a expliqué que ses médecins avaient identifié quatre petits mélanomes de 2 millimètres.
"Je vais essayer autant que possible de continuer à enseigner à l'université d'Emory (Atlanta) et participer à certaines réunions (du Carter Center)", a-t-il poursuivi, tout en soulignant que son emploi du temps serait désormais lié à son traitement auquel il donnerait "la priorité absolue".
Interrogé sur son état d'esprit, l'ancien président, baptiste fervent, a répondu: "Je suis profondément croyant et j'ai été agréablement surpris de constater que je ne sombrais ni dans le désespoir, ni dans la colère", a-t-il expliqué, décontracté, plaisantant à de nombreuses reprises avec les journalistes.
Quel message adresse-t-il à ceux qui, comme lui, sont atteints d'un cancer? "Espérer le meilleur et accepter ce qui vient": a répondu cet homme du Sud au parcours atypique, d'officier de marine aux affaires, de propriétaire d'une exploitation familiale d'arachides à la présidence.
"Le président Carter est un homme profondément bon", a réagi Barack Obama sur Twitter. "Nous sommes tous derrière toi, Jimmy".
En 1994, l'ancien président Reagan, alors âgé de 83 ans, avait lui choisi une lettre manuscrite pour annoncer aux Américains qu'il était atteint de la maladie d'Alzheimer.
Celui qui a parfois été qualifié avec ironie de "meilleur ex-président des Etats-Unis", est revenu longuement sur son parcours.
"Ma vie depuis mon départ de la Maison Blanche a été, sur un plan personnel, plus gratifiante même si la présidence a bien sûr été le sommet de ma carrière politique et a aussi permis le travail réalisé au Carter Center", a-t-il expliqué.
Quel serait le voeu le plus cher de cet ancien président qui a fait de la lutte pour les droits de l'homme sa priorité?
"Sur le plan international, je dirais la paix pour Israël et ses voisins", a-t-il répondu, tout en faisant part de son pessimisme et de son "découragement" sur ce point.
"Aujourd'hui, les chances (d'un accord de paix) sont au plus bas. Le processus est quasiment à l'arrêt. Le gouvernement israélien ne souhaite pas voir aboutir une solution à deux Etats qui est souhaitée par tous les autres pays du monde".
Avec AFP