Parmi le millier de spectateurs réunis pour les entendre dans un grand hôtel de Doha, à l'occasion de l'assemblée générale des comités nationaux olympiques, les présidents des 206 Comités olympiques nationaux (CNO) et ceux des fédérations internationales de sports olympiques, soit environ un tiers de la centaine de membres du CIO qui seront invités à départager les trois candidates, le 13 septembre prochain, à Lima.
Considérée par les observateurs comme co-favorite avec Paris, Los Angeles fait au Qatar sa première sortie depuis l'élection de Donald Trump, tant redoutée par son maire démocrate, Eric Garcetti.
Ce dernier, qui mènera la délégation à Doha, avait d'ailleurs anticipé en annonçant que son projet se voulait avant tout celui de la Californie.
Los Angeles a prévu d'aligner une équipe de choc: aux côtés des patrons, la sprinteuse Allyson Felix et la nageuse Janet Evans - dix titres olympiques à elles deux - feront la promotion d'une ville qui n'a plus rien à prouver.
Hôte des Jeux en 1984, la Cité des Anges s'appuie sur ses acquis. "Une série de sites prestigieux qui feront de LA-2024 les Jeux les plus économiques et les moins risqués financièrement de l'histoire", selon Casey Wasserman, président de la candidature. Une manière selon lui de se dégager des "impératifs de construction pour se concentrer sur l'expérience de chaque visiteur."
Au-delà du Coliseum, des sites universitaires rénovés, du Staples Center, Los Angeles devrait également insister sur le point qui fait mal à ses rivales: la dépendance économique du CIO à ses partenaires américains, soit cinq "top sponsors" sur douze, et la toute puissante chaîne NBC capable d'imposer les horaires des finales olympiques.
Budapest joue elle dans un tout autre registre. Invitée surprise de la finale à trois, survivante là où Hambourg, Boston et Rome, pourtant mieux armées sur le papier, ont jeté l'éponge, la capitale hongroise va continuer sa stratégie du profil bas.
"Alternative réelle aux mégapoles qui ont accueilli tant d'éditions des JO", selon son président Balazs Fürjes, Budapest-2024 veut prendre au mot le CIO qui a voté, fin 2014, un paquet de mesures (l'agenda 2020) destinées notamment à promouvoir des jeux plus accessibles aux villes moyennes.
C'est Attila Mizsér, champion olympique de pentathlon moderne et directeur sportif du projet Budapest-2024, qui aura 20 minutes, comme ses rivaux, pour convaincre les présidents de CNO et de fédérations internationales, parmi lesquels une trentaine de membres du CIO qui voteront en septembre prochain à Lima.
"Des Jeux abordables, cela ne signifie pas que l'on fait des concessions sur l'excellence", reprend Balazs Fürjes qui espère, avec Budapest, "créer un modèle de Jeux aisément réplicable" par d'autres villes moyennes.
- Paris mise sur Teddy Riner -
Le double champion olympique de judo Teddy Riner est la vedette du premier grand oral de la délégation parisienne, qui s'exprimera en dernier selon l'ordre établi par le CIO.
Les partisans du projet français vont vanter les atouts affichés depuis de longs mois: un parc d'infrastructures existant à 95%, une volonté de réaliser des Jeux respectueux de l'environnement et destinés à laisser un héritage matériel à des territoires comme sa banlieue nord-est, et immatériel à la société dans son ensemble.
"La présentation se poursuit par les contacts que l'on pourra avoir en marge des réunions avec les membres du CIO", estime le co-président de la candidature française Bernard Lapasset, ancien président de la Fédération internationale de rugby, connu dans l'institution olympique pour avoir fait entrer son sport au programme des Jeux. "Cette rencontre humaine est capitale."
Pas question pour autant de dévoiler toutes ses cartes. Le coup de grâce, la botte secrète destinée à emporter l'adhésion n'apparaîtront que dans les dernières semaines avant le rendez-vous de Lima. "Présenter un slogan comme le +Inspire a generation+ des Anglais en 2012, ce n'est pas l'objet du voyage à Doha", avertit Lapasset.
Avec AFP